Le traitement du cancer répond désormais à une approche personnalisée et intégrative - La Semaine Vétérinaire n° 1797 du 10/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1797 du 10/02/2019

ONCOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : DAVID SAYAG 

David Sayag est spécialiste en médecine interne des animaux de compagnie, option oncologie, et responsable du service d’oncologie du centre hospitalier vétérinaire Advetia de Vélizy-Villacoublay (Yvelines). Il partage sa vision de la prise en charge des animaux cancéreux en 2019.

La dernière décennie a vu le développement et l’application clinique de techniques de laboratoire nouvelles et d’imagerie avancées, rendant l’approche diagnostique et thérapeutique des animaux atteints de cancer plus complexe. Une fois le diagnostic de cancer établi, la mise en œuvre de la stratégie de traitement repose sur l’élaboration d’un plan personnalisé (au-delà de l’application de “recettes” standardisées) intégrant l’ensemble des thérapeutiques, conventionnelles (chirurgie, chimiothérapies, radiothérapies, immunothérapies) et complémentaires (phytothérapie, acupuncture, ostéopathie/massage, nutrition, etc.).

Approche intégrative

L’approche intégrative se définit comme le recours simultané aux médecines conventionnelles et complémentaires dans la prévention ou le traitement d’une maladie. Elle tient une place importante en oncologie. Près d’un quart des êtres humains souffrant de cancer, et jusqu’à 90 % des femmes atteintes d’un cancer du sein, ont recours aux médecines complémentaires, principalement à la phytothérapie. Cette pratique se fait souvent en dehors d’une stratégie thérapeutique intégrative, parfois sans information de l’oncologue. En cancérologie vétérinaire, l’approche intégrative permet de faire bénéficier l’animal de tous les moyens disponibles pour lutter contre le cancer et de lui maintenir une qualité de vie adéquate. Aux états-Unis, deux propriétaires d’animaux atteints de cancer sur trois utilisent des médecines complémentaires, principalement la phytothérapie et l’acupuncture. Cette approche représente un challenge au quotidien, tant les médecines complémentaires reposent le plus souvent sur les expériences de praticiens développant un attrait, sans spécialité établie, et en l’absence de niveau de preuve scientifique élevé. Cependant, les études in vitro et celles menées chez l’être humain offrent un socle de connaissances montrant leur intérêt. Il semble alors envisageable d’intégrer de manière raisonnée et prudente certaines médecines alternatives et complémentaires, notamment la phytothérapie, l’acupuncture et l’adaptation nutritionnelle, dans la stratégie de traitement global de l’animal atteint de cancer. Une information honnête et juste des propriétaires sur les apports réels attendus de ce type d’approche est indispensable. Les médecines complémentaires sont intégrées dans la stratégie globale, afin d’améliorer la qualité de vie de l’animal, mais leur usage isolé, bien qu’envisageable dans le cadre de soins palliatifs, ne pourrait se substituer aux traitements conventionnels ayant démontré une efficacité.

Approche personnalisée

Le paradigme de l’oncologie vétérinaire est différent de celui de la médecine humaine où le prolongement de la durée de vie se fait souvent au prix de nombreux effets secondaires des traitements. Il est essentiel que les animaux conservent la meilleure qualité de vie possible, tant d’un point de vue éthique que dans l’objectif d’adhésion complète des propriétaires à la stratégie thérapeutique. Pour nombre d’entre eux, les soins de soutien et les soins palliatifs sont essentiels et nécessitent souvent des connaissances allant au-delà de la cancérologie (gestion de la douleur, psychologie avec les propriétaires). Les effets secondaires acceptables des traitements dépendent toujours de l’objectif fixé (curatif versus palliatif), du clinicien et des propriétaires. Le clinicien propose différentes stratégies thérapeutiques au regard des données cliniques et laisse la décision finale aux propriétaires qui, en fonction des considérations philosophiques, de santé publique et financières, arrêteront leur décision. Négliger cet aspect entraîne souvent des situations d’échecs thérapeutiques.

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