SANTÉ PUBLIQUE
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Le nouveau projet de stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens étend son volet formation aux vétérinaires, eux aussi utilisateurs de molécules à activité de perturbation endocrinienne.
Et si le praticien devenait un interlocuteur privilégié sur les risques liés aux perturbateurs endocriniens ? Cinq ans après la publication de la première stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE), les ministères chargés de la transition écologique, de la santé et de l’agriculture ont présenté, en janvier, une nouvelle stratégie1 sur les substances qui peuvent interférer avec le système endocrinien. Une vaste consultation a été lancée sur cette nouvelle feuille de route, entre janvier et début février, qui devrait s’appliquer de 2019 à 2022. L’une des mesures phares de ce texte propose de former et de s’appuyer sur les réseaux professionnels, notamment du secteur de la santé, dont les vétérinaires, pour encourager une démarche de prévention auprès des populations. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a d’ailleurs encouragé, dans un rapport2 sur ce thème, la formation des professionnels qui peuvent servir de relais d’information et de prévention. L’objectif affiché est de protéger la population en la formant et en l’informant.
Le projet de la deuxième SNPE contient 13 mesures. Il définit en préambule un perturbateur endocrinien comme « une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de fait, induit des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou de (sous-)populations ». L’une des principales avancées de ce projet est sans aucun doute la formation des professionnels, dont les vétérinaires, travaillant en contact avec des produits contenant potentiellement des perturbateurs endocriniens. Le HCSP cible d’ailleurs les vétérinaires parmi les nombreuses professions qui sont exposées et/ou utilisent quotidiennement des molécules identifiées comme PE. « Néanmoins, le port des équipements de protection individuelle (EPI) et la perception du risque/danger ne sont pas forcément compris. Une formation initiale sur la perturbation endocrinienne, et plus largement sur le risque chimique, pourrait améliorer cela », indique l’instance. Le projet propose ainsi d’intégrer, entre autres, à la formation initiale des vétérinaires mais aussi des agriculteurs, des objectifs pédagogiques spécifiquement consacrés à la perturbation endocrinienne et ses risques associés.
Selon le projet de la seconde SNPE, de nombreux effets potentiels des perturbateurs endocriniens sur les organismes vivants ont été mis en évidence. Il ajoute que le développement de certains cancers (du sein, des testicules, de la prostate, etc.), des malformations d’organes reproducteurs, des troubles de la reproduction et du neurodéveloppement, la modification du ratio entre mâles et femelles au sein de certaines populations d’espèce ont été associés à l’action de certaines substances perturbatrices endocriniennes. Le projet fraîchement dévoilé a également pour objectif de préserver l’environnement. Une mesure vise à réduire la contamination à la source des écosystèmes, en particulier aquatiques. En outre, le plan propose de définir une méthode de priorisation des substances pouvant présenter des propriétés de perturbation endocrinienne pour l’être humain et/ou pour des espèces animales. Une mesure prévoit, par exemple, le développement des connaissances sur les effets des perturbateurs endocriniens sur la faune sauvage. Il est également prévu que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) expertise six substances par an en 2019 et en 2020, puis neuf autres dès 2021.
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