CAS CLINIQUE
PRATIQUE CANINE
Formation
Une chienne lhassa-apso stérilisée, âgée de 4 ans, est présentée en consultation pour prurit et séborrhée grasse localisés au niveau du dos. Elle vit avec un autre chien et deux chats, aucune contagion n’est rapportée. Elle est nourrie avec des croquettes adaptées à une maladie hépatique chronique sous-jacente (shunt portosystémique stabilisé par un traitement médical). Elle ne reçoit un traitement régulier contre les ectoparasites que pendant l’été (fipronil-(S)-méthoprène). Depuis son acquisition à l’âge de 2 ans, la chienne présente une séborrhée grasse localisée au niveau du dos, ainsi que du prurit. Il n’y a pas de caractère saisonnier. Les traitements antérieurs ont consisté en une antibiothérapie ainsi que des shampooings associant chlorhexidine et miconazole. Ils n’ont pas apporté d’amélioration. L’examen clinique montre un érythème de l’ensemble du dos accompagné d’un état kératoséborrhéique gras et de squames pityriasiformes.
Les principales hypothèses diagnostiques sont une ectoparasitose (démodécie à Demodex injai, cheylétiellose), une prolifération bactérienne de surface, une dermatite à Malassezia ou, moins probablement, une dermatophytose, une dermatite par allergie aux piqûres de puces. Les autres causes allergiques sont moins probables en raison de la localisation exclusivement dorsale.
L’examen du produit de cinq raclages cutanés met en évidence la présence de formes adultes et immatures de Demodex injai. Ils diffèrent de Demodex canis par leur taille plus élevée, ainsi que par leur forme plus allongée. Des calques cutanés par impression montrent une prolifération modérée de Malassezia. Le trichogramme et l’examen en lampe de Wood ne mettent rien en évidence.
Le traitement systémique de la démodécie consiste en de la milbémycine oxime. Or, lors de la présentation de ce cas, la spécialité en contenant n’était pas disponible (rupture laboratoire pendant plusieurs mois). Des traitements utilisant des avermectines pour ruminants sont parfois utilisés “hors AMM”, mais sont contre-indiqués lors d’atteinte hépatique, comme dans ce cas. Un spot-on contenant de la moxidectine dispose d’une AMM pour le traitement de la démodécie, mais présente une efficacité limitée lors de démodécie généralisée chez le chien adulte. L’utilisation d’une solution diluée d’amitraz a donc été choisie ici, à raison de deux applications par semaine. Ce traitement a été poursuivi jusqu’à l’obtention de deux séries de raclages cutanés négatifs obtenues à un mois d’intervalle. Une mousse contenant un antifongique (climbazole) a été appliquée deux fois par semaine à distance de l’amitraz pour lutter contre la prolifération de Malassezia.
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Bibliographie
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