ÉTUDE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
Face à la problématique mondiale d’antibiorésistance, les autovaccins apparaissent comme une solution1 pour réduire l’utilisation des antibiotiques en élevage. Or, peu d’études existent à ce jour sur le sujet. Dans ce contexte, l’équipe du centre technique des productions animales (CTPA) de Zoopôle développement de Ploufragan (Côtes-d’Armor), associée au laboratoire Labocea de la commune et à la clinique vétérinaire de la Hunaudaye, à Plestan (Côtes-d’Amor), a comparé l’efficacité et l’innocuité de différents adjuvants utilisés dans des autovaccins contre Actinobacillus pleuropneumoniae (APP-biovar 1 sérovar 2) en élevage porcin. Pour ce faire, 200 porcelets ont été inclus dans l’étude, tous provenant d’une bande d’un élevage commercial référé par la société d’exercice libéral par actions simplifiée (Selas) vétérinaire Hyovet de Plestan (Côtes-d’Armor). 8 groupes d’environ 20 animaux2 ont été constitués. À 9 semaines d’âge, les animaux de quatre groupes ont été vaccinés (groupe V+), trois avec un autovaccin contenant un adjuvant différent pour chaque groupe (adjuvants A1, A2 et A3), le dernier sans adjuvant (A0). Les quatre groupes restants n’ont pas été vaccinés (V-), mais ont reçu une injection de l’adjuvant ou pas (A1, A2, A3 et A0).
Aucun effet sur la croissance (gain moyen quotidien en engraissement et pendant l’étude) n’a été mis en évidence. La température rectale des animaux du groupe V+A1 et V-A1 était significativement augmentée 3 et 6 heures après la vaccination, par rapport aux autres groupes avec adjuvant3. L’état clinique général des porcs des groupes avec A1 était significativement moins bon que celui des individus des groupes témoins (V+A0, V-A0). Tous les groupes ont développé, de manière révélatrice, davantage de réactions locales (douleur, rougeur, œdème) que les groupes de témoins négatifs. Pour autant, ces observations cliniques ont été transitoires et ont disparu dans les jours suivant la vaccination. De plus, les groupes A1, vaccinés ou pas, présentaient un titre Elisa PigMAP plus élevé jusqu’à 13 jours après la vaccination, tous les groupes ayant des titrages similaires dès 14 jours après celle-ci. Ce marqueur de l’inflammation montrant un profil similaire avec celui de la température rectale, il apparaît, pour les auteurs, comme un bon indicateur pour la réponse vaccinale.
À partir de 14 jours après la vaccination, le titre en anticorps contre APP était significativement plus élevé dans les groupes vaccinés, par rapport à ceux n’ayant pas reçu d’antigène. En outre, à partir de 28 jours, les animaux du groupe V+A1 ont présenté un taux d’anticorps nettement plus marqué que ceux des animaux du groupe contrôle (V+A0). Cette différence a aussi été notée 84 jours après la vaccination. Enfin, pour tous les groupes, vaccinés ou pas, une augmentation importante du taux d’anticorps a été observée en fin d’engraissement (entre J56 et J112). Associée à deux cas confirmés de pleuropneumonie4, cette hausse reflète une circulation du pathogène au sein de l’exploitation. Pour les auteurs, les résultats sérologiques confirment la bonne prise vaccinale. Si l’efficacité est démontrée sur le plan de la réponse sérologique, sa validation sur le plan clinique nécessiterait le suivi d’une ou plusieurs bandes entières, associé à des notations de pleurésies systématiques à l’abattoir.
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1 L’autovaccination est utile dans les cas où aucun vaccin commercial n’est disponible ou lorsque le vaccin n’est pas efficace dans le contexte particulier de l’élevage concerné.
2 5 groupes de 20 animaux, 2 groupes de 19 et 1 groupe de 21 étaient inclus dans l’essai de terrain.
3 Une hausse de plus de 2 °C de température a été notée pour plus de 80 % des animaux du groupe V+A1.
4 Un cas confirmé à l’autopsie et une lésion typique sur un poumon d’abattoir.
Article rédigé d’après un poster présenté au congrès 2017 de l’Association française de médecine vétérinaire porcine.