La sécheresse estivale a-t-elle impacté vos éleveurs et votre activité ?
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Auteur(s) : LORENZA RICHARD
ELLE S’AJOUTE À DE NOMBREUX PROBLÈMES
De la fin juin jusqu’à la rentrée hivernale, il n’est pratiquement pas tombé une seule goutte de pluie. La sécheresse a gravement impacté l’élevage dans notre région. Les éleveurs ont été obligés de nourrir leurs bêtes au pré depuis début septembre. Beaucoup disposaient de restes de foins des années précédentes, ce qui leur a permis de faire la jonction avec le fourrage d’hiver. Les foins de 2018 étaient d’excellente qualité et le cours des céréales reste bas, donc les animaux sont plutôt en bon état d’entretien et en bonne santé. Toutefois, contrairement à ce que nous aurions supposé, le parasitisme est très important sur toutes nos coprologies. Pour les élevages qui n’avaient pas de réserve, la situation est problématique. Le cours du foin est très élevé et la paille est introuvable. Des services départementaux ont mis en place, à la demande de l’état, des structures d’accompagnement pour les éleveurs en difficulté, afin d’éviter les suicides et la médiatisation de problèmes de maltraitance ou de mauvaise alimentation des cheptels. Nous avons dû y faire appel une fois. La sécheresse est venue s’ajouter à de nombreux problèmes : chute des cours de la viande, retards de payement des primes, fièvre catarrhale ovine, mouvement anti- viande rouge dans les médias. Tout cela fait que l’ambiance est plutôt morose. • Jean-Pierre Daman
LES ÉLEVEURS ONT RELEVÉ LEUR SEUIL DE TOLÉRANCE
Nous sommes encore impactés par la sécheresse. Les vaches laitières sont nourries au fourrage depuis début juillet et leur production a chuté. Les génisses allaitantes ont également beaucoup maigri à l’automne et tous les animaux restent maigres. Depuis janvier, les maladies néonatales sont plus nombreuses, car le colostrum n’est pas de bonne qualité. Pourtant, les éleveurs nous ont moins appelés depuis cet été car ils sont fatalistes. Partant du principe qu’il s’agit d’une année difficile pour tout le monde et que les bêtes sont mal en point en raison de l’alimentation et de la météo, ils ont relevé leur seuil de tolérance concernant la santé de leurs animaux. Nous avons ainsi réalisé plus d’euthanasies que d’habitude, notamment à cause de ces appels tardifs et de la faiblesse de certains animaux. à cela s’est ajoutée la fièvre catarrhale ovine, qui touche des animaux déjà affaiblis. De plus, avec la baisse du cours de la viande, les vaches de réforme, amaigries cette année, n’ont aucune valeur économique. Enfin, l’alimentation des laitières étant privilégiée et les stocks de fourrage étant quasiment épuisés, le pré-troupeau va devoir être mis dehors plus tôt que d’habitude, alors qu’il présente déjà des problèmes de croissance et de scores corporels. Cela présage des mois difficiles pour ces animaux et pour la production à venir. • Pierre Robelin
LA SÉCHERESSE NE SERA PLUS EXCEPTIONNELLE
Les vaches et les prairies ont été usées par la sécheresse estivale et la repousse d’automne ne s’est pas montrée. Nos conseils ont ainsi évolué vers l’établissement de bilans fourragers afin d’optimiser au mieux les stocks restants et la conduite des prairies. L’affouragement, réalisé depuis juillet, a impacté la trésorerie : achat et rationnement stricts se sont imposés. Les animaux sont plus maigres, même les reproducteurs, davantage de retours en chaleur sont observés et les diarrhées des veaux semblent nombreuses, sans doute en raison d’un mauvais transfert colostral. Nous conseillons aux éleveurs de supplémenter leurs bêtes en vitamines et oligoéléments, car les carences de l’alimentation prolongée au foin impactent le système immunitaire. Nous établissons également des plannings de traitements antiparasitaires adaptés à chaque cas, mais il est difficile de les faire appliquer : les traitements systématiques sont monnaie courante cette année. De plus, arrêtons de penser que la sécheresse est exceptionnelle, cela se reproduira, et un stock sera à prévoir chaque année pour passer l’hiver, mais aussi l’été. La gestion des prairies doit être optimisée – plan de fertilisation, ensemencement, etc. –, mais le souci est d’ordre économique. La trésorerie n’est pas extensible, et l’entretien des prés n’est plus la priorité. Un accompagnement global est aujourd’hui indispensable. • Marie Segovia