ACTU
Les médecines complémentaires n’ont pas toujours bonne presse au sein de la profession vétérinaire. Malgré les controverses, à l’heure où la médecine basée sur les preuves (evidence based medicine) fait loi, nous sommes de plus en plus nombreux à les inclure dans notre arsenal thérapeutique. Évolution sociétale ou phénomène de mode, on ne peut nier que cela répond à la demande d’un nombre croissant de propriétaires d’animaux.
Coresponsable de la commission médecines non conventionnelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef), avec Frank de Craene, un des pionniers de la “bonne parole”ostéopathique au sein des vétérinaires équins, je suis également membre élue de son conseil d’administration depuis fin 2017. L’Avef n’est pas le seul organisme technique vétérinaire à avoir pris conscience de l’importance de la représentativité de ce pan de notre profession, mais elle y joue un rôle central en raison du fort essor de l’ostéopathie “équine”.
État des lieux de l’ostéopathie vétérinaire et animale
C’est grâce au travail de longue haleine de tous les vétérinaires ayant eu à cœur de faire connaître ces pratiques et d’œuvrer pour leur reconnaissance au sein de la profession que des évolutions importantes ont eu lieu ces dernières années dans le domaine de l’ostéopathie. L’Avef, grâce au soutien indéfectible de ses présidents, les Drs Jean-Yves Gauchot puis Charles-François Louf, a pu participer à l’élaboration de textes de loi en lien avec l’évaluation des compétences des personnes autorisées à réaliser des actes d’ostéopathie animale. Des échanges avec d’autres pays européens (notamment grâce à l’EVSO, l’European Veterinary Society for Osteopathy) ont permis d’élaborer le meilleur compromis au vu des particularités de la situation française en matière d’ostéopathie vétérinaire et animale.
Les vétérinaires qui utilisent les médecines manuelles au quotidien doivent continuer à promouvoir ces outils diagnostiques et thérapeutiques afin de le faire connaître à l’ensemble de la profession. Tout vétérinaire doit notamment être informé de la date clé du 31 décembre 2019, date à partir de laquelle seules les personnes autorisées à pratiquer des actes d’ostéopathie animales inscrites sur une liste figurant sur le site de l’Ordre des vétérinaires pourront continuer à exercer dans le respect de la loi.
Des avancées majeures en phyto-aromathérapie vétérinaire
Conscients de notre rôle central en matière de santé responsable et durable, nous sommes de plus en plus nombreux à explorer les possibilités offertes par les plantes médicinales. Embrayant le pas à quelques pionniers motivés, comme le Dr Pierre May, un nombre croissant de vétérinaires se sont formés à l’utilisation de la phyto-aromathérapie. C’est encore grâce au soutien actif de l’Avef et de son vice-président, également vice-président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), Jean-Yves Gauchot, qu’un projet transversal fédérant les différents organismes techniques – l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), l’Avef, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) – autour de la phytothérapie a pu voir le jour.
La Direction générale de l’alimentation (DGAL) a apporté son soutien, dans le cadre du plan Éco-AB au projet REPAAS, réseau de phyto-aromathérapie vétérinaire, dont je suis la coordinatrice. L’objectif de ce réseau est de rassembler tous les vétérinaires qui utilisent les plantes médicinales et de les fédérer autour de projets communs. Une des missions majeures de ce réseau sera de réfléchir aux solutions concrètes à apporter aux problématiques de l’utilisation de ces actifs thérapeutiques dans le respect de la législation (notamment en lien avec les limites maximales de résidus et les délais d’attente) et de son inadéquation avec les pratiques de terrain qui se développent en marge de notre profession en raison des contraintes réglementaires en lien avec la prescription vétérinaire. Au sein de la filière équine, ce réseau relance également le débat sur l’exclusion définitive de la filière bouchère des chevaux non destinés à la consommation humaine.
Même si les médecines alternatives restent encore marginales, la profession vétérinaire doit jouer un rôle central dans leur développement, car c’est un secteur très convoité. Et c’est grâce aux actions de personnes motivées au sein de nos associations représentatives que, toujours et sans relâche, le vétérinaire tâche de tenir sa place centrale en matière de santé animale !
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ISABELLE LUSSOT KERVERN (N 94)