PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : AMANDINE CLÉMENT
« Douleurs arthrosiques et neuropathiques » est le thème choisi par la première unité vétérinaire d’évaluation et de traitement de la douleur (UVETD) pour ses formations à destination des praticiens référents. Avec pour mot d’ordre, la pluridisciplinarité et l’importance du ressenti de l’animal.
CAP douleur, réseau national de vétérinaires formés à la prise en charge de la douleur, et le centre hospitalier vétérinaire (CHV) Advetia de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) se sont associés à l’été 2018 pour créer en son sein la première unité vétérinaire d’évaluation et de traitement de la douleur (UVETD)1. Il s’agit d’un site pilote, centre privilégié de recherche clinique observationnelle auprès duquel les vétérinaires peuvent référer des animaux aux douleurs chroniques complexes et réfractaires. En effet, des consultations algologie y sont menées sur le modèle de la consultation douleur, que notre confrère Thierry Poitte, fondateur de CAP douleur, pratique depuis plus de sept ans à la clinique de La Flotte (Charente-Maritime). Ces consultations relèvent d’une approche pluridisciplinaire : le vétérinaire traitant et l’ensemble des spécialistes sont sollicités afin d’assurer une prise en charge multimodale des animaux douloureux chroniques. Ce service est également un lieu d’échanges transversaux avec les centres de recherche sur la douleur en médecine humaine (Institut Analgesia, Société française d’étude et de traitement de la douleur [SFETD]) et un pôle de formations professionnelles de proximité pour les vétérinaires référents.
« La douleur est une préoccupation sociétale qui rejoint celle du bien-être animal. Soulager la souffrance des animaux, c’est notre cœur de métier. La concurrence des métiers paravétérinaires sur ce sujet est factuelle et l’ambition du réseau CAP douleur est bel et bien de regrouper les praticiens concernés (généralistes et spécialistes) afin d’actualiser et de structurer la prise en charge de la douleur en France », introduit Thierry Poitte à l’occasion de la première formation conjointe entre CAP douleur et Advetia, le 21 février, dans les locaux du CHV, sur les actualités relatives aux douleurs arthrosiques et neuropathiques.
La connaissance des mécanismes physiopathologiques est un préalable indispensable pour mettre en place une analgésie raisonnée, adaptée, et protectrice. Pour y parvenir, les données clés de l’evidence-based medicine sont complémentaires à celles, plus subjectives, du patient-based medicine. En effet, la douleur-maladie, issue de la chronicisation de la douleur-symptôme, est un véritable challenge thérapeutique pour un animal donné, car elle est le fruit d’une expérience unique, construite sur un vécu douloureux et un contexte environnemental et émotionnel intimes. Le ressenti émotionnel de la douleur est donc une cible privilégiée pour améliorer le confort des animaux.
« En algologie, il n’y a pas de recette toute faite. Il est important de “personnaliser” la réponse thérapeutique face à la douleur et de s’attacher à soulager l’animal douloureux plutôt que de focaliser sur la douleur de l’animal », poursuit notre confrère.
Ainsi, la formation sur les douleurs arthrosiques et neuropathiques a délivré les savoirs scientifiques clés sur la genèse de la douleur, son évaluation (chez le chien et le chat) et son traitement, en présentant les différentes options de l’arsenal thérapeutique actuel. Les vétérinaires adhérents, forts de ces connaissances fondamentales, sont invités à développer leurs compétences en médecine narrative. Pour cela, ils sont accompagnés par des outils innovants d’évaluation de la douleur (web applications Dolodog® et Dolocat®, client-specific outcome measures [CSOM], collier connecté d’activité) et par des outils d’observance et d’alliance thérapeutique (gestion relation client, ateliers éducatifs) qui soulignent le rôle crucial de la relation tripartite animal-propriétaire-vétérinaire dans l’amélioration de la qualité de vie des animaux douloureux.
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1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1770 du 29/6/2018, pages 20 et 21.