CONCOURS VÉTÉRINAIRE
ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
L’Académie vétérinaire de France met en exergue qu’outre la hausse du numerus clausus la tendance est à la diversification des profils des nouveaux étudiants.
Soucieuse de la formation initiale, l’Académie vétérinaire de France a consacré sa séance du 7 mars à l’évolution des modalités de recrutement dans les écoles. « Nous devons aboutir chez les recrutés à un niveau d’excellence, à une motivation profonde et à une diversité des profils dans les écoles », a souligné Pierre Saï, ancien directeur général d’Oniris, un des coordinateurs de cette session, en tout début de séance. Et c’est chose faite. « Actuellement, la voie des classes préparatoires ne représente que 72 % des places offertes au concours », a indiqué la conférencière Marie-Aude Stofer, vétérinaire et cheffe du bureau des formations de l’enseignement supérieur au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Au profit des autres voies, et particulièrement de la C (voir encadré du haut de la page 11). En cause : un maillage vétérinaire qui se fissure pour l’exercice rural. « Une étude a montré que les étudiants issus de la voie C se destinaient davantage à la médecine des animaux de rente, et beaucoup d’entre eux ont un lien plus grand avec la ruralité », a-t-elle poursuivi.
Depuis 2005, la voie A perd progressivement son monopole. Ainsi, jusqu’en 2005, la classe préparatoire représentait environ 85 % des places offertes. Les voies B et C ne permettaient, quant à elles, d’accéder respectivement qu’à 9 % et 5 % des places. Pour la session 2014, ce pourcentage descend à 81 %, contre 8 % pour la voie B et 10 % pour la voie C. Et aujourd’hui, pour la session 2019, les voies A, B et C offrent respectivement 74 %, 10 % et 14,5 % des places. De plus, « en 1997, a été créée une voie réservée aux docteurs en médecine, en pharmacie et en chirurgie dentaire. Mais elle ne concerne en général que un à deux individus chaque année. » En 2003, cette même voie s’ouvre aux diplômes nationaux à dominante biologique conférant le grade de master. Puis en 2014, la création de la voie E permet de diversifier encore plus, l’enjeu ici étant d’avoir des profils orienté vers la recherche. Pour autant, ces deux voies n’offrent qu’un nombre limité de places dans les écoles, à raison de cinq places pour la voie D en 2019 et de six places pour la voie E.
En 2003, la classe préparatoire vétérinaire, en un an, disparaît, au profit de la classe biologie, chimie, physique et sciences de la Terre (BCPST) en deux ans. En cause : un taux d’échec de 70 %, associé à une réorientation en faculté compliquée. Avec cette nouvelle classe prépa “agro-véto”, « l’idée était de pouvoir mener les étudiants à différents concours », a expliqué Marie-Aude Stofer. Cette ouverture à d’autres écoles a permis ainsi d’obtenir un taux d’intégration global de 50,7 %. Pour la conférencière, « c’est une chance », et cela permet aussi de laisser du temps aux étudiants de se renseigner sur les différents parcours possibles, car « les étudiants souhaitant intégrer une école vétérinaire ne connaissent pas vraiment les autres écoles ».
En 2013, un arrêté modifie les épreuves d’admissibilité et d’admission pour la voie A, et ajoute, pour la voie B, un entretien oral avec le jury aux épreuves écrites académiques (mathématiques, biologie, physique, chimie, résumé) et à l’oral de langue. à partir de là, « toutes les voies parallèles à la voie A ont désormais une épreuve d’entretien, afin de tester la motivation des étudiants », a souligné Marie-Aude Stofer. L’année suivante s’opère un changement de paradigme pour la voie B. « Une grande partie des épreuves académiques ont été supprimés, car elles sélectionnaient de la même manière que les classes préparatoires. à l’écrit est conservée une seule épreuve de biologie ou de chimie. à l’oral, un entretien de sciences et société est ajouté, sur un sujet soumis à controverses, nécessitant d’avoir une bonne capacité de réflexion et une solide culture scientifique et générale », a détaillé la conférencière.
Actuellement, d’autres réflexions sont en cours, notamment en lien avec le nouveau bac prévu en 2021 et l’évolution du diplôme universitaire de technologie (DUT) qui pourrait passer en trois ans au lieu de deux. De plus, la poursuite de la diversification des profils est toujours à l’ordre du jour, toujours en lien avec la problématique du maillage. La question d’un entretien de motivation pour toutes les voies de concours est également posée. Enfin, la question de la durée des études doit être réglée. «
Les études vétérinaires sont trop longues par rapport aux autres pays européens
», a expliqué Marie-Aude Stofer. Ce qui entraîne son lot de problèmes : entrée décalée de deux à trois ans dans le secteur de la recherche par rapport aux étudiants de master, ou encore frein à la poursuite d’études spécialisées. Pour y remédier, plusieurs pistes sont évoquées, comme une intégration possible dès la deuxième année de licence. «
La sélection n’est qu’une brique dans l’évolution du cursus vétérinaire. D’autres actions sont en cours dans les écoles : le stage tutoré, le nouveau référentiel vétérinaire, le rapprochement entre les écoles, la réflexion sur les voies d’approfondissement…
», a conclu la conférencière. Auxquelles s’ajoutent le travail de la profession avec la mise en place d’un Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, la charte des stages réalisée par le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral à la suite de la création du groupe Envie de clientèle, mais aussi le chantier Vetfuturs.
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LES DIFFÉRENTES VOIES
LA HAUSSE DU NUMERUS CLAUSUS
RESTONS POSITIFS