ÉTUDE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ
à l’heure du plan ÉcoAntibio, un article vient de paraître dans le Veterinary Journal sur le traitement antibiotique des poulains présentant un sepsis, la question posée étant : « Est-ce que nos choix font une différence ? » 1.
Le premier objectif de cette étude était l’évaluation de l’efficacité des traitements antibiotiques mis en place afin de cibler le ou les antibiotiques les plus adaptés et d’encourager les vétérinaires à continuer à minimiser l’utilisation des antibiotiques d’une manière générale. Le second objectif était d’évaluer la survie des poulains en fonction du traitement antibiotique initial : traitement avec un antibiotique auquel toutes les bactéries isolées étaient sensibles ou traitement pour lequel au moins une des bactéries isolées était résistante. Le troisième objectif était d’évaluer l’influence du type d’infection sur la survie du poulain.
Tous les poulains âgés de moins de 30 jours admis à l’université de Californie (UC Davis, États-Unis), entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 2015, avec un diagnostic de sepsis, confirmé par un isolement de bactéries provenant de sites normalement stériles le jour de l’admission, ont été inclus dans cette étude. Au total, cela représentait 213 poulains et 306 bactéries isolées.
- Objectif 1 : le pourcentage de poulains pour lesquels toutes les bactéries isolées étaient sensibles aux antibiotiques utilisés est indiqué dans le tableau (ci-dessous). à partir de ces données, il semble que la combinaison amikacine et ampicilline (en vert dans le tableau) soit la plus appropriée empiriquement et en première intention pour le traitement des poulains présentant un sepsis. à l’inverse, le choix de l’enrofloxacine, de la ceftizoxime et d’autres céphalosporines de 3e génération (en bleu) ne semble pas justifié. De même, les carbapénèmes comme l’imipénem (en rouge) doivent être destinés uniquement aux patients humains et à la réserve hospitalière.
- Objectif 2 : les poulains étaient divisés en deux catégories : les “survivants” ou les “non-survivants” s’ils décédaient ou étaient euthanasiés au cours de leur hospitalisation. Le traitement antibiotique initial était connu pour 186 poulains. Si toutes les bactéries isolées étaient sensibles au traitement antibiotique instauré, la probabilité de survie des poulains était de 65,4 % versus 41,7 % si une des bactéries isolées ou davantage étaient résistantes au traitement. Un résultat similaire a été rapporté dans une étude sur des patients humains présentant un sepsis.
Néanmoins, il est intéressant de noter que 34,6 % des poulains ayant reçu un traitement antibiotique adapté sont morts et que, à l’inverse, 41,7 % de ceux qui ont reçu un traitement non adapté (une bactérie résistante ou plus) ont survécu. Ces résultats indiquent bien que d’autres facteurs que le choix initial des antibiotiques entrent en jeu quant à la survie des poulains.
- Objectif 3 : l’évaluation de l’effet du type d’infection sur la survie a été réalisée sur les 213 poulains. Un total de 30 % des poulains présentaient une infection polymicrobienne.
Les poulains présentant une infection avec isolement d’un seul type de bactérie avaient une probabilité plus importante de survie par rapport à ceux présentant une infection polymicrobienne.
En conclusion, cette étude indique que le traitement initial des poulains présentant un sepsis avec des antibiotiques auxquels les bactéries usuelles retrouvées sont sensibles est un point positif pour la survie des poulains et soutient la pratique des vétérinaires qui mettent empiriquement en place un traitement antibiotique de première intention avant d’avoir les résultats des prélèvements. Ainsi, au vu des résultats de cette étude, la combinaison ampicilline et amikacine semble être un traitement initial de choix chez les poulains présentant un sepsis.
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1 D’après l’article de Theelen M. J. P., Wilson W. D., Byrne B. A. et coll. Initial antimicrobial treatment of foals with sepsis : do our choices make a difference ? Vet. J. 2019. 243:74-76.