Parasites des animaux de compagnie : les risques pour l’humain - La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

ZOONOSE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO 

Tous les acteurs de la santé humaine et animale sont concernés par le risque de zoonose parasitaire. La vermifugation régulière des animaux de compagnie en est un moyen de prévention clé.

Une table ronde intitulée « Pour que la santé des uns ne parasite pas celle des autres » a été organisée par Boehringer Ingelheim le 14 mars à Paris. Des journalistes de la presse grand public et spécialisée étaient réunis autour d’experts en dermatologie et en parasitologie. L’objectif principal était de sensibiliser l’auditoire sur les risques zoonotiques que représentent certains parasites présents chez les animaux de compagnie. Cette démarche fait partie intégrante du concept “Une seule santé”, et vise à mettre l’accent sur les mesures préventives, individuelles et collectives, essentielles au maintien de la santé publique dans ce domaine.

Impact des parasites externes

Notre confrère Amaury Briand, assistant en dermatologie à l’école nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), ainsi que Charlotte Bernigaud, dermatologue au centre hospitalier universitaire (CHU) Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne), sont intervenus pour rappeler l’importance de la prévalence des puces dans les foyers, ainsi que leur impact médical. Les puces des chiens et des chats peuvent aussi piquer l’humain en cas de forte contamination de l’environnement, entraînant une éruption cutanée prurigineuse, des vésicules ou des papules inflammatoires, sur les jambes ou les bras. Elles sont aussi des vecteurs de Dipylidium caninum, ver intestinal du chien et du chat qui parasite parfois l’humain (en particulier les enfants) lors d’ingestion accidentelle d’une puce. Un inconfort digestif, une baisse d’appétit et du prurit anal peuvent alors apparaître. Les puces sont également des vecteurs de la bactérie Bartonella henselae, impliquée dans la “maladie des griffes du chat”. La contamination se produit lors d’une griffure si la griffe a été souillée par des excréments de puces contaminées. Cette maladie provoque une adénomégalie, de la fièvre et des douleurs musculaires. Enfin, la gale sarcoptique du chien et du lapin peut contaminer l’humain par contact direct ou indirect. Ce parasite ne se reproduit pas sur la peau humaine, mais des lésions sont possibles sous forme de papules sur les bras et les jambes.

Impact des parasites digestifs

Notre confrère Jacques Guillot, professeur de parasitologie à l’ENVA, ainsi que Françoise Botterel, professeure de parasitologie à la faculté de médecine de Créteil, ont expliqué les modalités de transmission à l’humain de certains parasites internes des chiens et des chats. Les vers du genre Toxocara sont des nématodes parasites de l’intestin grêle, fréquents chez le chiot et le chaton. L’humain s’infecte par ingestion d’œufs de Toxocara après contact direct ou indirect (via l’alimentation) avec de la terre souillée par des déjections contaminées de chats ou de chiens. Les bacs à sable constituent des conditions optimales de survie de la forme infestante, ce qui présente un danger sanitaire chez les enfants. Chez l’humain, ces parasites ne se reproduisent pas, mais les larves migrent et peuvent être à l’origine de symptômes, dont l’intensité dépend notamment de la quantité d’œufs ingérés et de la présence d’un terrain atopique. Cette parasitose est souvent asymptomatique, toutefois, il existe quelques rares formes graves, induisant une atteinte hépatique, abdominale, pulmonaire, cutanée, neurologique ou oculaire.

Les ankylostomes sont des nématodes de l’intestin grêle fréquents en régions tropicales. L’humain se contamine par voie orale ou par pénétration transcutanée de larves excrétées par des chiens ou des chats, en marchant pieds nus ou en s’allongeant sur un sol contaminé (souvent à la plage). Chez l’humain, la larve ne peut pas finir son cycle de développement mais provoque une larva migrans cutanée. Il s’agit de la plus fréquente des dermatoses tropicales du voyageur.

Enfin, les échinocoques sont des agents de zoonoses majeures cosmopolites. Ce sont des cestodes parasites de l’intestin grêle chez le renard et le chien. L’humain est un hôte intermédiaire accidentel. Il se contamine par ingestion d’œufs d’échinocoques soit en mangeant des légumes ou des baies souillés, soit en portant à la bouche des doigts contaminés (par exemple après avoir caressé un chien dont le pelage contient des œufs du parasite). Les larves d’échinocoques parasitent les organes internes, y forment des kystes, ce qui entraîne une échinococcose alvéolaire (larves d’E. multilocularis) qui détruit progressivement le foie, ou bien une hydatidose (E. granulosus) localisée dans le foie, le poumon, les yeux ou le cerveau.

Une chaîne de prévention nécessaire

Tous les acteurs de la santé humaine et animale sont concernés et doivent informer le grand public. Il est essentiel de rappeler aux propriétaires l’importance de vermifuger régulièrement leur animal de compagnie. La fréquence est à adapter en fonction de son âge, de son état physiologique, de son mode de vie et de son alimentation. La présence éventuelle de personnes vulnérables (enfants, personnes immunodéprimées ou âgées, etc.) est à prendre en compte également. L’European Scientific Counsel Companion Animal Parasites (ESCCAP) communique des recommandations consultables sur leur site internet (tableau). Dans le cadre d’une approche préventive large, il est impératif d’administrer régulièrement des antiparasitaires externes sur les animaux de compagnie, et de bien traiter l’environnement en cas d’infestation de puces.

Des gestes simples permettent de réduire la pression parasitaire tels que ramasser les déjections canines et administrer une alimentation saine aux animaux (sans viande crue ni abat). Individuellement, il convient de rappeler des règles d’hygiène élémentaires : se laver régulièrement les mains (et en particulier avant de manger et après avoir eu un contact avec de la terre), laver les aliments crus avant consommation, cuire les aliments à risque, et empêcher que son animal lèche le visage des enfants.

Il est également recommandé aux propriétaires de se renseigner auprès de leur médecin et de leur vétérinaire avant chaque départ en vacances.

Des mesures collectives sont aussi nécessaires pour une prévention efficace. Il est, par exemple, important de protéger les aires de jeux et les bacs à sable, de respecter l’interdiction des animaux dans ces zones, ainsi que réguler la population d’animaux errants.