CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
L’élevage bovin laitier français actuel est caractérisé par des fluctuations de prix et de coûts importantes et peu prévisibles à la suite de l’abandon des quotas et par une grande diversité des systèmes de production. Dans ce contexte difficile, le choix de la race de la vache laitière et donc de la capacité d’adaptation des élevages à la fois en matière de production, de reproduction et de santé se pose. C’est pourquoi les auteurs de cette étude1 ont comparé les performances de vaches de races prim’holstein (Ho) et montbéliarde (Mo) dans deux systèmes à bas intrants, durant 11 ans, en agriculture biologique2.
Le premier système étudié (40 vaches montbéliardes et prim’holstein), herbager (SH), était fondé exclusivement sur l’utilisation de prairies permanentes (sans aliments concentrés) pour une production de lait réalisée principalement au pâturage durant 8 mois, tandis que le second, un système de polyculture-élevage (SPCE ; 60 vaches montbéliardes et prim’holstein), reposait sur une très forte autonomie en fourrages, en grains et en paille de litière. La production et la composition du lait, les variations d’état corporel, la reproduction et les analyses de longévité et de carrière ont été examinées sur l’ensemble des vaches.
Les chercheurs ont constaté que sur les 44 semaines de lactation, les vaches Ho ont produit davantage de lait (+ 797 kg) et de matière utile (+ 46 kg) que les Mo. Par ailleurs, cet écart entre races était plus marqué dans le SPCE (+ 1 000 kg) que dans le SH (+ 590 kg). De plus, la production de lait par kg de poids vif était plus élevée (+ 1,04 kg/kg) dans le SPCE. En revanche, les performances de reproduction des vaches Ho ont été médiocres, surtout dans le SH (- 12 % de taux de réussite) et elles ont atteint un état corporel minimal plus faible. En matière de santé, les troubles génitaux en début de lactation étaient plus nombreux chez les vaches Ho, mais les montbéliardes ont été plus sujettes aux boiteries, le SH semblant avoir favorisé ces deux troubles sanitaires.
Ces résultats ont confirmé ceux d’une étude précédemment réalisée3, à savoir que l’interaction significative entre la race et le niveau d’alimentation, plus favorable dans le SPCE, traduit la réactivité laitière plus grande des vaches Ho face à des apports nutritifs plus conséquents. Enfin, selon les auteurs, si les deux races présentent des avantages différents pour répondre aux enjeux des systèmes d’élevage très autonomes, les difficultés de reproduction rencontrés chez la vache prim’holstein réduisent sa pertinence dans le cadre des systèmes très herbagers, conduits en vêlages groupés.
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1 Robin, 2017.
2 Coquil et coll., 2011.
3 Delaby et Fiorelli, 2014.
Article rédigé d’après la conférence présentée lors des journées 3R (Rencontres recherche ruminants), des 5 et 6 décembre 2018. Fiorelli J. L., Trommenschalager J.M., Brunet L., Delaby L. (Inra), Bareille N., Robin M. (Bioepar, Inra, Oniris), Ollion E. (Isara) : « Performances et santé des vaches laitières holstein et montbéliarde conduites en systèmes à bas intrants ».
SYSTÈME DE POLYCULTURE-ÉLEVAGE