CONFéRENCE - La Semaine Vétérinaire n° 1803 du 23/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1803 du 23/03/2019

PRATIQUE MIXTE

Formation

ENQUÊTE DE SÉROPRÉVALENCE POUR LA DEP

Après avoir largement diffusé en Europe dans les années 1980, le virus de la diarrhée épidémique porcine (DEP) a été récemment détecté en France, à raison de un cas en 2014 et de trois en 2017, les quatre correspondant aux souches dites inDel ou moyennement virulentes. Or, actuellement, aucun plan de gestion de la maladie, pourtant réglementée1, n’existe. Dans ce contexte, une enquête nationale de séroprévalence de la DEP a été lancée et réalisée par l’Association nationale sanitaire porcine en 2018. Pour ce faire, 600 élevages ont été tirés au sort à partir du fichier national des élevages de France métropolitaine, sur les 9 560 élevages répertoriés. Des prélèvements sanguins de 10 animaux par élevage2 ont été réalisés sur une période de 5 mois. Au final, seuls 540 élevages ont fait l’objet de prélèvements. Sur 5 399 sérums, 37 sont revenus positifs en Elisa, le taux obtenu (0,7 %) étant proche de celui de faux positifs en lien avec la spécificité du test (Sp : 99,4 %). Des tests Elisa de contrôle ont abouti à des résultats identiques pour 31 sérums sur 36 positifs, 4 des 5 sérums discordants ayant donné des résultats proches du seuil de positivité. De plus, 9 sérums sur les 37 positifs en Elisa sont revenus positifs au test IPMA3, mais à des titres sérologiques faibles, inférieurs à ceux provenant d’animaux infectés sur le terrain ou expérimentalement. Au final, 32 élevages sur les 540 ont présenté au moins un sérum positif à Elisa (5,9 %), la majorité d’entre eux ayant un seul sérum positif sur les 10 analysés. À noter qu’un élevage a présenté un sérum positif aux trois tests, avec des taux en anticorps éloignés du seuil de positivité. Ces résultats, associés aux caractéristiques des tests et aux connaissances de la maladie, amènent à penser que les résultats positifs correspondent à des faux positifs. En effet, le test Elisa est très spécifique, et un risque de réactions croisées avec d’autres coronavirus existe pour l’IPMA. De plus, la maladie étant très contagieuse, une infection se manifesterait par la présence de plusieurs sérums positifs au sein d’un élevage, avec des titres élevés. Ainsi, l’étude montre une absence de résultats positifs pouvant être attribués à une infection, signifiant une prévalence inférieure à 0,6 %, ce qui confirme le “sérieux” de la surveillance clinique. Néanmoins, définir des mesures de gestion de foyers reste essentiel pour préserver le statut de la France.


1 Les formes hautement et moyennement virulentes sont considérées respectivement comme des dangers sanitaires de première et deuxième catégories.
2 10 sérologies par élevage garantissent une détection de séroprévalence intra-élevage de 30%.
3 Immunoperoxidase monolayer assay.
Article rédigé d’après une présentation faite au congrès 2018 de l’Association de médecine vétérinaire porcine (AFMVP).
Tanit Halfon

LES DÉPENSES DE SANTÉ “CURATIVES” DIMINUENT EN ÉLEVAGE DE PORCS

L’Ifip, Institut du porc, a analysé l’évolution des dépenses de santé en élevage entre 2006 et 2016, à partir de la base de données de gestion technico-économique (GTE). Suivant les années, l’échantillon d’éleveurs1 variait entre 349 et 606 naisseurs-engraisseurs (NE), et 101 et 182 post-sevreurs-engraisseurs (PSE). Les dépenses globales ont diminué de 9 % pour les NE et de 32 % pour les PSE (respectivement 5,64 € et 2,05 € pour 100 kilos de carcasse en 2016). Chez les NE, les dépenses “curatives”2 ont baissé de 38%, soit 1 € pour 100 kilos de carcasse. Mais pour les antibiotiques et les anti-inflammatoires injectables, après un recul significatif entre 2006 et 2010, les dépenses sont restées stables depuis 2011, avec une hausse notable en 2015. Les dépenses “préventives”3 ont, elles, significativement augmenté (+ 0,46 € pour 100 kilos de carcasse, soit + 13 %), particulièrement entre 2011 et 2016. Cela s’explique par la plus forte consommation de vaccins (+ 31 %, 0,68 € pour 100 kilos de carcasse). En revanche, les dépenses en produits de conduite d’élevage ont diminué (- 17 %, 0,22 € pour 100 kilos de carcasse). Chez les PSE, les dépenses évoluent dans le même sens. Les “curatives” ont chuté de 58 %, en lien avec la baisse en supplémentations par voie orale. Les “préventives” ont significativement augmenté depuis 2013 (+ 28%), du fait de la hausse de la dépense en vaccins (+ 40%). Les dépenses en produits de conduite d’élevage sont restées stables. Quel que soit le groupe, les dépenses globales de santé sont plus marquées en région Bretagne que hors-Bretagne. Pour les deux zones, les dépenses “curatives”ont nettement diminué, pour atteindre des niveaux similaires depuis 2012 (respectivement 0,9 € et 0,84 € pour 100 kilos de carcasse). Les dépenses “préventives” sont supérieures aux “curatives” depuis 2014 pour la Bretagne et depuis 2015 pour le reste du territoire. Cette étude montre ainsi que les baisses constatées depuis 1999 se poursuivent.



1 Les élevages inclus dans l’étude sont ceux transmis par les organisations de producteurs. Sont exclus les élevages de sélection, de multiplication, et les élevages biologiques.
2 Les dépenses “curatives” incluent les supplémentations par voie orale et les antibiotiques et anti-inflammatoires injectables.
3 Les dépenses “préventives” incluent les vaccins et les produits de conduite d’élevage.

Article rédigé d’après une présentation faite lors du congrès 2018 de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP).
Tanit Halfon