ÉCOLES VÉTÉRINAIRES
ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
Afin de réduire la durée et le coût des études vétérinaires, mais aussi de diversifier le profil des étudiants, une réflexion est en cours pour permettre un recrutement directement après l’obtention du baccalauréat général.
En Espagne ou au Royaume-Uni, devenir vétérinaire requiert cinq années de formation. En France, les études durent théoriquement sept ans et demi. à Hanovre (Allemagne), l’enseignement consacré aux matières de base définies par l’European System of Evaluation of Veterinary Training(ESEVT) est de 739 heures, soit 25 semaines ; à Oslo, en Norvège, de 112 heures, soit quatre semaines. En France, dans les classes préparatoires biologie, chimie, physique et sciences de la Terre (BCPST), les enseignements fondamentaux durent 30 semaines la première année et 22 semaines la deuxième. En outre, ils ne sont qu’en partie adaptés à la formation vétérinaire. Ces constats, issus d’un récent rapport rédigé par Marc Gogny, directeur général adjoint d’Oniris (Nantes, Loire-Atlantique), montrent bien à quel point l’enseignement vétérinaire français est une exception européenne… coûteuse ! « En réalité, pour près de 60 % des étudiants, la durée des études est de 8 ans et demi, ce qui, en période de disette budgétaire, est difficilement soutenable pour l’État comme pour les familles », souligne-t-il. Que faire ? Une des solutions serait peut-être de permettre le recrutement post-bac, comme nous l’a annoncé Valérie Baduel, directrice générale adjointe de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER). « Notre objectif est double : diminuer la durée des études et avoir des profils plus adaptés à la réalité du métier, avec des qualités autres que les seules capacités académiques. » Selon la DGER, la voie des classes préparatoires sélectionnerait des étudiants avec une vision du métier parfois très éloignée de la réalité quotidienne du métier de praticien, notamment en zone rurale. Déçus par la clinique, ils seraient alors plus susceptibles de se reconvertir.
En pratique, les étudiants sélectionnés suivraient une année de formation supplémentaire au sein de chaque école, avant d’être rejoints l’année suivante par ceux issus des classes préparatoires classiques. «
25
% des places seraient accessibles par cette voie, 50
% par la voie
A
1
, et les 25
% restants reviendraient aux autres voies
», précise Valérie Baduel. Soit 160 étudiants au total pour les classes intégrées. Si, pour l’instant, ce projet n’en est qu’à la phase de discussion, Valérie Baduel souligne son état d’avancement. D’une part, il a reçu «
un accueil favorable de la part des ministères en charge de l’éducation et de l’enseignement supérieur ». D’autre part, Marc Gogny, directeur adjoint à Oniris, a accepté de réfléchir aux modalités de sa mise en œuvre : « Ma mission est de proposer des recommandations pour définir les critères de recrutement, le contenu de l’année de formation, et quantifier les moyens humains nécessaires. » Ainsi, un premier filtre de sélection passerait par le système Parcoursup. Il faudra ensuite définir les épreuves qui serviront à sélectionner le pool restant de candidats. Le tout sans négliger d’introduire des critères en faveur de la mixité sociale, pour éviter d’avoir des profils identiques à ceux des classes préparatoires. « L’idée de départ est que la formation se fasse dans chaque école, mais je me laisse la liberté de proposer des alternatives, souligne Marc Gogny. En outre, je souhaite rester compatible avec les exigences européennes, qui ne préconisent que 40
% de méthodes d’enseignement expositives contre 60
% de méthodes actives. » Si tous les curseurs sont au vert, cette nouvelle voie pourrait voir le jour dès la rentrée 2021.
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1 Voie des classes préparatoires BCPST et TB (technologie et biologie).
QUE RESTE-T-IL DES CLASSES PRÉPARATOIRES ?