SYMPOSIUM
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Le symposium organisé le 19 mars par le laboratoire MSD était orienté sur les évolutions dans le domaine de la reproduction des ruminants : la performance, l’innovation, le « rôle de conseiller » des vétérinaires sont quelques-uns des axes explorés.
Dresser un état des lieux et se projeter dans les évolutions à venir dans le domaine de la reproduction », tel était l’objectif du symposium de reproduction qui s’est tenu à Paris le 19 mars, a annoncé René Fournier, responsable filière lait chez MSD, qui organisait l’événement.
Les élevages de bovins laitiers français se caractérisent par des pratiques de reproduction et des profils de troupeaux très variables1, a indiqué Pascale Le Mezec, chef de projet à l’Institut de l’élevage (Idele), pour introduire la journée. Néanmoins, les données montrent que les résultats de reproduction des troupeaux se sont globalement améliorés sur notre territoire avec le temps.
Selon Antoine Driancourt, consultant en pharmaceutique de la reproduction (Astek), cela s’explique notamment par le fait que « depuis 50 ans, le panel de traitements disponibles pour la maîtrise des cycles et pour la stimulation ovarienne des femelles d’élite s’est beaucoup étoffé ». Ainsi, pour l’induction et la synchronisation des femelles, des traitements nombreux, variés et performants, sont disponibles actuellement et le recours au protocole GPG (ou Ovsynch, pour ovulation synchronisation) est reconnu. De même, pour la stimulation ovarienne de femelles d’élite, la follicle stimulating hormone (FSH) est l’hormone superovulante de référence en France.
Cependant, comme l’a précisé Antoine Driancourt, « aucune nouvelle innovation thérapeutique importante n’est apparue dernièrement. Cela est certainement dû au contexte difficile pour les industriels ». En effet, la vigilance croissante des consommateurs affecte l’acceptabilité des nouveaux produits, le marché laitier se segmente (lait standard versus laits fromagers versus lait bio) et les autorités d’enregistrement ont une exigence accrue vis-à-vis des produits de maîtrise de la reproduction (perturbateurs endocriniens). Malgré tout, selon lui, certaines nouveautés thérapeutiques devraient bientôt arriver sur le marché : des dispositifs vaginaux garantissant une libération plus efficace de la charge en progestérone chez les femelles laitières hautes productrices non cyclées ou en phase folliculaire à la pose2 et sans répercussions sur le bien-être animal (forme, taille et rigidité), une FSH recombinante longue action pour la stimulation ovarienne et de nouveaux composés modulateurs de la sphère reproductive (kiss peptide longue action, anti-aromatase vaginale, equine chorionic gonadotropin [eCG] recombinant), par exemple.
Par ailleurs l’amélioration génétique devra aussi être recherchée. « On ne fait se reproduire que ce qui veut bien se reproduire », a énoncé Sylvie Chastant-Maillard, de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, reprenant la formule de notre confrère Jean-Louis Cosson. Selon Pascal Salvetti, les entreprises de sélection cherchent pour cela à mettre en place de nouveaux critères (efficience des animaux, réduction des émissions de méthane, résistance aux maladies) et à diffuser des reproducteurs élites de plus en plus jeunes. De même, de nouvelles technologies de transfert embryonnaire, le sexage embryonnaire, l’utilisation de semence sexée devraient émerger. En ce qui concerne l’intelligence artificielle, des technologies de semence à durée de vie prolongée pourraient voir le jour et l’hétérospermie, déjà largement utilisée en filière porcine, serait amenée à s’étendre. Par ailleurs, « le recours aux outils numériques devrait se développer davantage », selon Sylvie Chastant-Maillard. Comme l’a expliqué Clément Allain, de l’Institut de l’élevage, la marge d’évolution est encore grande en France (19 % d’élevages connectés versus 50 % au Danemark) et, même s’ils sont difficilement rentabilisés dans les petites exploitations, ils ont un réel intérêt technique et en confort de travail pour les éleveurs.
Dans un tel contexte, les vétérinaires «
auront un vrai rôle de conseiller à jouer auprès des éleveurs pour proposer ces innovations en tenant compte de leur intérêt et de leur limites
», a indiqué Philippe Escouflaire. Enfin, selon Pierre-Luc Charbonneau, vétérinaire au Québec, «
le vétérinaire de demain devra faire évoluer sa pratique de l’écho-Doppler systématique, par exemple
».
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1 Observatoire Reproscope (reproscope.fr).
2 Carvalho et coll., 2018.