Quelles évolutions souhaiteriez-vous voir sur la délégation d’actes aux auxiliaires vétérinaires ?
FORUM
@... VOUS !
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
C’EST UN SUJET ENCORE EN COURS DE RÉFLEXION !
Étant vice-présidente du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), je suis, entre autres, cette question de la délégation d’actes vétérinaires aux ASV. C’est l’un des axes de travail du syndicat, car nous souhaitons accompagner les évolutions du monde vétérinaire, en particulier celui des entreprises avec toute la diversité de ses collaborateurs. De fait, nous constatons à ce sujet, sur le terrain, des besoins allant de peu (ou pas) de délégation jusqu’à une demande d’une plus grande délégation. Nous devons donc tenir compte de cette variété et définir les règles (quels actes seront “délégables”, le niveau de compétences, la certification, etc.), les discuter et les valider avec les acteurs du monde vétérinaire avant toute modification de texte législatif. Il nous reste encore plusieurs mois pour cela… Ainsi, notre désir est bien d’accompagner la profession dans cette réflexion, tout en restant conscient que les besoins des cliniques sont divers en la matière. Ceci dit, ladite réflexion constitue aussi une réelle occasion de faire progresser les personnels de nos cliniques, et donc la prise en charge, ainsi que la qualité des soins. Enfin, pour conclure, rappelons un point important de cette démarche : la délégation n’est envisagée que sous la responsabilité du vétérinaire, donc avec des ASV salariés des structures. • VÉRONIQUE LUDDENI
LES ACTES MÉDICAUX DOIVENT RESTER DU RESSORT DU VÉTÉRINAIRE
Je suis favorable à la délégation de certains actes aux ASV, dans un cadre précis et sous la supervision d’un vétérinaire. De manière à éviter de possibles dérives. Une telle autorisation mettrait fin à une certaine hypocrisie, puisque de nombreuses cliniques laissent déjà leurs auxiliaires réaliser certains actes. Je suis favorable à ce qu’ils puissent pratiquer des injections, faire des prises de sang, poser des cathéters et qu’ils gèrent des perfusions. Cela permettrait de gagner du temps pour le vétérinaire, tout en offrant aux ASV une possibilité d’évolution dans leur métier. En revanche, je suis opposée à d’autres délégations d’actes, comme l’intubation d’un animal lors d’une anesthésie. Car c’est un geste rapide, qui demande à être totalement maîtrisé, et qui peut mettre en jeu la vie de l’animal. Si jamais un décès se produisait, la responsabilité reviendrait certainement au vétérinaire employeur. Quant au détartrage, ce n’est, selon moi, pas seulement un geste technique, mais un acte médical qui demande de savoir réaliser en plus une bonne expertise dentaire. Enfin, pour élargir le rôle des ASV, il faudrait qu’ils soient formés en conséquence. Pourquoi, d’ailleurs, ne pas envisager la création d’une catégorie 6, de manière à avoir des ASV équivalents à des infirmières en médecine humaine ? • PAULINE VACHERAND
MON AVIS EST UN PEU PARTAGÉ !
Au CHVE, nous avons l’obligation légale d’employer un certain ratio d’ASV de catégorie 5. Nous aimerions donc naturellement pouvoir leur déléguer certains actes, à condition que le vétérinaire en garde la supervision directe. Et surtout, il faut veiller à ne pas créer une nouvelle catégorie de soignants qui seraient des infirmières vétérinaires à domicile (qui iraient, par exemple, faire des vaccins). Certes, ce n’est pas ce que prévoient les discussions nationales en cours, mais une partie de la profession craint que l’on mette ainsi le doigt dans un engrenage qui, au final, induira des changements au détriment de la profession vétérinaire. Par ailleurs, le rôle élargi de ces ASV risque de les mettre en concurrence avec les jeunes vétérinaires qui, à leur sortie de l’école, ont l’habitude de venir durant un an se former chez nous… Cependant, si la loi va dans ce sens, je pense que de nombreux actes pourraient être délégués à des ASV bien formés, comme les injections, les prélèvements sanguins, des pansements, la pose de cathéters, voire une intubation trachéale ou nasogastrique. À condition que le vétérinaire puisse être là dans la minute pour remplacer l’ASV, en cas de survenue d’une complication. Car même lors d’une injection intraveineuse, il peut se produire un choc… Et est-ce que ce ne serait pas aussi le moment idéal pour créer une option équine dans les écoles d’ASV ? •