ANALYSE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
Durant l’épizootie d’influenza aviaire (IA) de 2016-2017, sur un total de 484 foyers déclarés, 20 concernaient des basses-cours1. Or, ces derniers sont généralement identifiés comme à risque vis-à-vis de la circulation du virus de l’influenza. Dans ce cadre, au printemps 2017, une étude2 a été menée dans le département du Gers. 70 basses-cours situées à 1 km de distance de plusieurs élevages commerciaux touchés (foyers) ont fait l’objet d’analyses : prises de sang, écouvillons trachéaux et cloacaux. Les basses-cours détenant uniquement des volailles étaient majoritaires (48, soit 68 % des basses-cours), suivies de celles associant palmipèdes et volailles (20, soit 29 %) et de celles avec uniquement des palmipèdes (2, soit 3 %). De plus, 7 basses-cours comprenaient des oies (10 %). En moyenne, une basse-cour “type” du Gers était constituée de 17 animaux, dont 14 poules ou poulets, 2 canards et 1 oie.
À l’échelle des basses-cours, la séroprévalence3 associée à la circulation du virus de l’IA était de 25,7 %. À l’échelle individuelle, celle-ci était de 13,1 % pour les canards et de 4,1 % pour les poulets. À l’échelle des basses-cours, la séroprévalence associée à la circulation du sous-type H5 était de 11,4 % et, à l’échelle individuelle, de 9 % pour les canards et de 1,9 % pour les poulets. Si on considère la totalité des oiseaux (n = 608), la séroprévalence était de 5,9 % vis-à-vis de l’IA et de 3,3 % pour le sous-type H5. Parmi les échantillons positifs pour H5, seuls trois oiseaux de la même basse-cour ont montré un résultat positif pour le clade 2.3.4.4 du virus hautement pathogène H5N8. Les autres échantillons étaient principalement positifs vis-à-vis d’autres lignées H5.
De plus, les basses-cours possédant des canards étaient deux fois plus à risque d’être séropositives vis-à-vis de l’IA et cinq fois plus pour son sous-type H5. Ces résultats sont en phase avec de précédentes études montrant le rôle des canards dans le portage, l’excrétion et la transmission du virus. De la même manière, les basses-cours les plus proches ou situées sur des élevages commerciaux étaient six fois plus à risque d’être séropositives vis-à-vis de l’IA et 20 fois plus vis-à-vis du sous-type H5. Ces résultats suggèrent ainsi un rôle limité des basses-cours dans la transmission du virus H5N8 lors de l’épizootie de 2016-2017. Néanmoins, dans le cadre de la surveillance épidémiologique, les auteurs recommandent tout de même de cibler les basses-cours comportant des canards et en lien avec les élevages commerciaux avicoles.
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1 Ce nombre pourrait être sous-évalué, les basses-cours étant moins suivies que les élevages commerciaux.
2Souvestre M., Guinat C., Niqueux E. et coll. Role of Backyard Flocks in Transmission Dynamics of Highly Pathogenic Avian Influenza A (H5N8) Clade 2.3.4.4, France, 2016-2017. Emerg. Infect. Dis. 2019;25(3):551-554.
3 Une basse-cour positive = au moins un oiseau détecté positif dans la basse-cour.