CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
Christophe Thenault, vétérinaire diplômé en apidologie et pathologie apicole, a présenté, lors de l’édition 2018 des journées vétérinaires apicoles, son rôle dans la gestion d’un cas d’adultération des cires. L’adultération est une pratique frauduleuse qui consiste en l’ajout d’un produit de moindre valeur à un autre produit. En apiculture, elle concerne notamment le miel (adjonction de sirop après récolte, nourrissement excessif proche des miellées). Dans ce cas, notre confrère a été appelé par un producteur d’essaims situé dans le Loiret, en avril 2018, afin d’établir un constat vétérinaire pour des anomalies de cires gaufrées, et d’exclure toute maladie. L’apiculteur professionnel rencontre, depuis avril 2017, des anomalies sur ses cires, à la suite d’un changement de cirier, et il souhaite entamer une procédure judiciaire à l’encontre de ce dernier.
Au préalable, notre confrère a examiné les documents de l’éleveur en lien avec la cire, à savoir les e-mails de l’acheteur, les factures des ciriers, la publicité du dernier cirier et les résultats d’analyses. Le constat : l’absence de numéro de lot sur les factures du nouveau cirier, ainsi que la mention “Cire pure d’abeille” sur la publicité. De plus, la visite des ruchers a révélé un effondrement des cires dans les cadres. En revanche, l’examen clinique n’a rien montré d’anormal (pas de maladies du couvain, pas de signes de varroose).
La confirmation d’une adultération est encadrée réglementairement. Aussi, il est préférable de réaliser les prélèvements avec un technicien des services vétérinaires. De plus, dans un contexte de poursuite judiciaire, son intervention permet aux analyses obtenues d’être plus recevables du point de vue juridique. En pratique, quatre plaques de cire ont été mélangées entre elles (450 g ; les découper en petits morceaux) et réparties dans trois sacs plastiques scellés. Un sac a été envoyé au laboratoire Ceralyse en Allemagne, pour un coût d’environ 200 €. Les deux autres ont été conservés, en cas de contestation du cirier, par le vétérinaire et le service vétérinaire qui en gardaient chacun un. Les analyses demandées étaient le point de fusion, les indices d’acide, de saponification et d’ester, le taux d’hydrocarbures, ainsi que la nature des chaînes carbonées par chromatographie en phase gazeuse.
Les analyses ont montré une diminution du point de fusion, des indices d’ester et de saponification, associée à une augmentation du taux d’hydrocarbures, révélant une adultération majeure. La cire n’était donc pas une cire pure d’abeille et sa composition a été estimée à 74 % de cire d’abeille (62 °C), 20 % de paraffine (56 °C) et 6 % de suif (45 °C). De manière générale, si les analyses de laboratoire permettent de confirmer facilement une suspicion d’adultération, la relier aux potentiels signes observés sur les cadres est moins évidente. Dans notre cas, le laboratoire a confirmé que les résultats d’analyses pouvaient expliquer les anomalies des cires. De plus, aucun signe clinique n’a été observé sur le couvain.
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LA PRODUCTION DES CIRES EST RÉGLEMENTÉE