ONCOLOGIE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : ALEXIS LECOINDRE
Des spécialistes américains proposent des recommandations pour un recours sans danger à des agents chimiothérapeutiques cytotoxiques en pratique vétérinaire.
Le Collège américain de médecine interne vétérinaire (Acvim) s’est penché sur l’utilisation d’agents cytotoxiques sans risque pour le personnel, l’animal et son entourage1. L’association constate que le recours à de tels médicaments augmente et que la nouvelle popularité de l’utilisation de la chimiothérapie continue à faible dose (dite “métronomique”) est à l’origine d’une exposition chronique pouvant présenter un risque accru. En effet, si les effets cytotoxiques sont moins susceptibles de se produire, les effets mutagènes restent similaires. La sécurité, lors de l’emploi des substances de chimiothérapie, est nécessaire pour limiter l’exposition. Des équipements de sécurité appropriés et la formation de l’équipe sont primordiaux. Cependant, il n’existe aucune limite d’exposition recommandée pour les médicaments toxiques. Les travailleuses enceintes, qui allaitent ou qui cherchent à concevoir un enfant, devraient éviter toute exposition ou la réduire au maximum.
Des panneaux doivent être affichés pendant la préparation et l’administration afin d’avertir le personnel du risque potentiel d’entrer dans la zone, de préférence contrôlée et dont l’accès est réservé au personnel autorisé et formé. Les lieux de stockage, de préparation et d’administration doivent comprendre des surfaces faciles à nettoyer et à décontaminer. Un dispositif de transfert en système clos est recommandé. Le recours à l’alcool pour la désinfection ne désactive pas la substance de chimiothérapie, mais peut entraîner une propagation de la contamination.
Si une administration sûre ne peut être garantie en raison de la non-coopération d’un animal, le recours à la contrainte chimique ou la décision de ne pas traiter est à la discrétion du clinicien. Les médicaments de chimiothérapie administrés per os doivent être intacts (pas de comprimé écrasé ou fendu ni de gélule ouverte). Pour la chimiothérapie injectable, un cathéter doit être placé dans une veine appropriée par du personnel expérimenté, afin de minimiser les risques d’extravasation et d’exposition du personnel. Le choix se portera sur le plus petit calibre et la plus petite longueur de cathéter. Une solution saline héparinée ne doit jamais être employée pour l’irrigation des cathéters (risques potentiels de précipitation du produit et d’extravasation accrue en raison d’un saignement local).
Des études montrent que des concentrations détectables de médicament persistent dans l’urine plusieurs jours, voire plusieurs semaines après l’administration (bien que les concentrations diminuent nettement en trois jours). De nombreux médicaments sont également éliminés dans les selles et leur présence peut être détectée jusqu’à sept jours après l’administration. Le niveau réel de risque lié à l’exposition aux produits excrétés n’est pas connu. Il convient de manipuler ces excreta avec les mêmes précautions que celles prises pour la substance primaire. Des cages, des chenils ou des salles réservés dans une zone à faible trafic sont recommandés pour les sujets soumis à un tel traitement. L’animal doit être autorisé à sortir dans une zone distincte, si possible exposée au soleil ou pouvant être nettoyée facilement.
Lorsque les animaux quittent la clinique, des instructions écrites, incluant des informations sur la manipulation sans danger de l’animal, sont préconisées. Les clientes qui sont enceintes, qui tentent de concevoir ou qui allaitent ne devraient pas être chargées de l’administration du médicament ou du nettoyage des excréments. Les interactions avec les enfants doivent être surveillées (éviter le contact avec les excréments et se laver les mains après). Les animaux doivent rester dans un environnement contrôlé et ne pas être autorisés à uriner ou à faire leurs besoins dans les zones communes et celles où les enfants peuvent être exposés.
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1 Smith A. N., Klahn S., Phillips B. et coll. Acvim small animal consensus statement on safe use of cytotoxic chemotherapeutics in veterinary practice. J. Vet. Intern. Med. 2018;32(3):904-913.