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Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
L’ENVA, le site Enlargeyourparis.fr et la métropole du Grand Paris ont organisé, le 10 avril, une soirée consacrée à cette nouvelle tendance qui concerne directement les vétérinaires urbains, l'arrivée des animaux de ferme en ville.
Avec la réapparition des animaux d’élevage dans les métropoles françaises, de nouveaux enjeux se profilent. Ce sujet a été au cœur des discussions de la soirée organisée le 10 avril par l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), le site Enlargeyourparis.fr1 et la métropole du Grand Paris2.
Comme l’a indiqué Daniel Breuiller, vice-président de la métropole du Grand Paris, dans son discours introductif, « l’agriculture urbaine est aujourd’hui une réalité et son développement doit être encouragé car elle apporte de nombreux bénéfices (environnemental, social, en matière d’approvisionnement en nourriture, etc.) aux populations ». En effet, au cours des dernières décennies, la nature s’est de plus en plus éloignée des villes. La perte de la biodiversité animale et végétale y est massive avec, par exemple, pour la région Île-de-France (IDF), une diminution de 22 % de la population d’oiseaux au cours de ces 14 années écoulées, selon les derniers chiffres publiés3, a ajouté Marc Barra, de l’agence régionale de la biodiversité en Île-de-France.
Or, d’après notre consœur Déborah Infante, du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, outre son rôle dans l’entretien des espaces verts, la présence d’animaux de rente en zone urbaine est une source de bien-être pour les populations urbaines. C’est pourquoi, « afin de permettre à l’agriculture de s’installer en ville, nous organisons ces rencontres agricoles qui seront l’occasion de discuter d’une politique publique dans ce domaine », a ajouté Daniel Breuiller.
Au niveau réglementaire, comme l’a rappelé Déborah Infante, la détention d’un animal de rente conduit à des obligations spécifiques, différentes de celles des animaux de compagnie, car ils sont élevés pour produire des denrées alimentaires. En effet, même si les effectifs sont plus restreints qu’en élevage, « les risques sont similaires, c’est pourquoi l’application de la réglementation 4 n’est pas superflue », a-t-elle ajouté. Il s’agit de risques de santé publique (zoonoses, notamment), de sécurité sanitaire des aliments produit ou environnementaux (nuisances, déchets, etc.).
Dans ce contexte, les vétérinaires praticiens urbains ont toute leur place à prendre au niveau zootechnique, afin de garantir notamment le bien-être des animaux (alimentation, logement, nombre d’individus, etc.), selon Yves Millemann, professeur au département des productions animales et de santé publique de l’ENVA. Mais aussi pour rappeler aux propriétaires certaines obligations légales5 (encadré). Par ailleurs, en tant que garants de la santé animale, ils pourront apporter des conseils de prévention (utilisation raisonnée des antiparasitaires), de traitement et jouer un rôle pour limiter la propagation de maladies animales (prophylaxie). Enfin, ils ont un rôle fondamental pour garantir une utilisation optimale des médicaments vétérinaires par ces nouveaux propriétaires d’animaux de rente (temps d’attentes, autorisation de mise sur le marché).
Pour remplir au mieux toutes ces missions, le groupement technique vétérinaire (GTV) dispense déjà des formations aux praticiens urbains à travers la France, a expliqué Claire Beauvais, vétérinaire praticienne en Île-de-France (IDF) et membre du GTV régional (GTV IDF). «
À l’image des autres régions françaises, nous disposons aujourd’hui en IDF d’un maillage de vétérinaires compétents », a-t-elle indiqué. Dans un contexte de défiance croissante du monde de l’élevage par les citadins, la présence de ce réseau de vétérinaire formés est essentielle, car «
l’installation d’animaux de rente en ville dans des conditions optimales est un levier à activer pour reconnecter ces deux mondes différents
», a conclu Marc Barra.
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Étude publiée mercredi 18 octobre 2018 par la revue PLoS One
4 www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R53205.
5 www.bit.ly/2XERPeI.
DÉTAILS DE LA RÉGLEMENTION RELATIVE À LA DÉTENTION DES OVINS ET DES CAPRINS