CONGRÈS DE LA BSAVA
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
De réalisation sûre et offrant une protection contre les abandons, la stérilisation des chatons avant ou à 4 mois a été mise en avant le 6 avril, lors du congrès annuel britannique des vétérinaires pour petits animaux.
À l’occasion du lancement de son Manuel de médecine de refuge1, la British Small Animal Veterinary Association (BSAVA) a consacré une matinée entière de son congrès annuel, à Birmingham, le 6 avril, à ce type de médecine. Cette discipline touche finalement un grand nombre de praticiens, puisque beaucoup d’animaux viennent de refuges, avec lesquels certains vétérinaires collaborent. David Yates, directeur de l’hôpital de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) de Manchester et enseignant à l’université de Bristol, a fait le point, devant une salle comble, sur la stérilisation prépubertaire.
La stérilisation est le meilleur moyen de prévenir les abandons de chats (qui constituent les deux tiers des animaux recueillis en refuges en Grande-Bretagne). Elle permet également aux chiens de vivre plus longtemps, même si pour ces derniers des controverses demeurent. En effet, dans les grandes races, des problèmes orthopédiques peuvent survenir chez les chiens adultes, ce qui incite à recommander la stérilisation au cas par cas.
Du point de vue technique, chez la chienne de 2 à 4 mois, la stérilisation par la ligne blanche ressemble en tous points à la stérilisation d’une chatte adulte, ce qui facilite grandement l’intervention. La courbe d’apprentissage pour les jeunes étudiants est d’ailleurs très rapide. David Yates a souligné l’importance de bien vidanger la vessie avant la chirurgie. Pour les chiots mâles, il recommande la colle chirurgicale pour suturer.
En ce qui concerne les chats, l’étude belge menée par l’équipe de Nathalie Porters à Gand sur plus de 800 chats, suivis pendant 7 ans2, appuye les recommandations de stérilisation avant ou à 4 mois sur des chats vaccinés. Dans cette cohorte, comme dans d’autres, David Yates a souligné que les chatons étudiés avaient souffert pendant leur développement de traumatismes précoces, lesquels peuvent être à l’origine de troubles du comportement de l’adulte, quel que soit l’âge de réalisation de la stérilisation.
Autant que possible, l’opération sera réalisée dans le refuge si les locaux le permettent. Ce peut être plus confortable pour le praticien de la réaliser à la clinique, mais avec une population hétérogène, le risque de contamination infectieuse existe.
La stérilisation préalable à l’adoption relève de la décision de chaque refuge (beaucoup ont rejoint l’opération Kind3, appelant à stériliser à 4 mois). Elle permet à tous – adoptants et refuges – d’être tranquilles sans contribuer à la dynamique des abandons lors de la survenue d’une portée non désirée.
Pour le chirurgien, les avantages techniques sont clairs : aucune mauvaise surprise avec des ampoules fœtales, voire une gestation plus avancée, et une récupération postopératoire et une cicatrisation très rapides. La morbidité est clairement beaucoup plus faible, l’incision étant petite (photo).
La RSPCA a réalisé une courbe de poids, pour valider au moment de la stérilisation que tous les chatons d’une portée se trouvent bien dans la moyenne (mâles et femelles n’ayant pas les mêmes poids). La seule contre-indication est la cryptorchidie (moins de 1 % des chats), qui conduit à différer la réalisation de la castration si la palpation douce ne permet pas de localiser le(s) testicule(s) mobile(s) en région inguinale.
David Yates utilise le protocole anesthésique de type Quad (médétomidine-kétamine-midazolam-buprénorphine), en calculant ses doses sur la surface corporelle (plus précise que le poids à cet âge). Mais il est également possible d’induire au masque et utiliser en une seule injection le mélange méthadone-médétomidine-kétamine. Après l’incision abdominale, du liquide péritonéal peut être présent, dont David Yates a remarqué la présence sur des chatons fortement parasités. L’intervention par la ligne blanche est moins douloureuse que par les flancs.
La réalisation de la stérilisation lors de la seconde vaccination permet de prévenir toute portée non désirée chez le chat, espèce très prolifique.
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1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 7/12/2018, page 23.
2 bit.ly/2ZKp9D4, .