SANTÉ PUBLIQUE
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Comme en santé humaine, la baisse de la couverture vaccinale des animaux de compagnie en Europe inquiète. Face au scepticisme de certains propriétaires, des organisations professionnelles européennes de vétérinaires et d’industriels de la santé animale montent au créneau.
L’hésitation sur la vaccination des animaux pourrait être une erreur mortelle », alertent1 trois organisations européennes de vétérinaires et d’industriels de la santé animale à l’occasion de la Journée mondiale de la vaccination animale du 20 avril. La Fédération des associations européennes vétérinaires pour animaux de compagnie (Fecava), la Fédération vétérinaire européenne (FVE) et Animalhealth Europe constatent en effet que le scepticisme des “antivaccins” en santé humaine est contagieux. Le mouvement “antivax” se répand en santé animale. Certains propriétaires doutent et choisissent parfois de ne pas faire vacciner leur animal. Comme le remarquent des vétérinaires britanniques qui signalent une baisse de 7 % des taux de vaccination pour les chiens et les chats entre 2011 et 2017. « Des croyances erronées sur la nécessité des vaccins pour animaux de compagnie et une hésitation croissante à la vaccination rapportée par les propriétaires d’animaux de compagnie en Europe pourraient donner lieu à des maladies mortelles qui affectent non seulement les chiens et les chats, mais également les humains », indiquent les organisations européennes.
La British Veterinary Association (BVA) s’inquiète du scepticisme suscité par la vaccination en ce qui concerne la santé humaine et les soins aux animaux domestiques. Elle signale que, selon un récent sondage2, 98 % des vétérinaires ont été interrogés par leurs clients sur la nécessité de la vaccination. Les vétérinaires britanniques notent aussi une baisse de la couverture vaccinale. « La majorité des propriétaires d’animaux de compagnie sont conscients de l’importance des vaccinations et suivent les conseils des vétéri naires. Mais la désinformation, les inquiétudes relatives aux coûts, l’influence de non-spécialistes et l’essor des “ traitements homéopathiques ” sont tous des facteurs contribuant à la baisse des taux de vaccination dans de nombreux pays européens au cours des dernières années », précise Wolfgang Dohne, président de la Fecava. De son côté, Rafael Laguens, président de la FVE, encourage les propriétaires d’animaux de compagnie à préserver la santé de leurs amis à fourrure. « Les animaux de compagnie font partie de notre famille. Leur possession est une énorme responsabilité et donner des soins de santé adéquats est vital », souligne-t-il. Roxane Feller, secrétaire générale d’Animalhealth Europe, constate, quant à elle, que la vaccination est devenue victime de son propre succès. « En Europe, on ne parle quasiment plus de la rage, par exemple. Pour certains, cette maladie est totalement inconnue, donc pourquoi vacciner son animal ? Mais c’est précisément grâce aux efforts de vaccination antérieurs que la rage a été éradiquée, un succès tombé dans les oubliettes », regrette-t-elle.
La World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) note que dans les pays développés, comme en Europe, seulement 30 à 50 % de la population d’animaux domestiques sont vaccinés. Ce chiffre est beaucoup plus bas dans les pays moins développés. Les organisations rappellent qu’en Europe la vaccination a permis de lutter contre certaines maladies animales en entraînant une diminution importante du risque. Elles sensibilisent les propriétaires à ce sujet. « Nous ne pouvons pas arrêter de vacciner car nous pensons que la maladie a disparu
», poursuivent-elles dans un communiqué de presse conjoint. Les organisations européennes soulignent par ailleurs l’importance du rôle du praticien dans la compréhension du principe même de cette technique. «
La vaccination est l’un des outils les plus puissants de prévention des maladies potentiellement mortelles. Ne négligez jamais votre visite annuelle chez le vétérinaire et suivez toujours les conseils donnés pour empêcher la maladie de pénétrer chez vous. Votre vétérinaire veillera à ce que votre animal soit à jour de tous ses vaccins
», conseille Rafael Laguens aux propriétaires d’animaux. Même son de cloche pour Wolfgang Dohne qui martèle qu’il est primordial que les vétérinaires et les propriétaires d’animaux se souviennent de la gravité de maladies telles que la parvovirose. « Nous pouvons désormais la contrôler si les taux de vaccination restent suffisamment élevés pour continuer à protéger nos populations de chiens et de chats
», a-t-il déclaré.
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