Edito
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Dis Petit Prince, dessine-moi un mouton. » « Dessiner ? Un mouton ? Non ! Je veux le soigner et en prendre soin de ce mouton. Je l’imagine aussi réel et libre que mon compagnon Bobby. » On retrouve bien là la détermination du Petit Prince, devenu aujourd’hui vétérinaire. Cependant, dans le monde réel, il arrive que celui-ci ou sa consœur déchante. Entre l’idéal et la pratique, il peut y avoir un fossé. Le praticien est un vrai couteau suisse. Si polyvalent qu’il s’en éloignerait presque du cœur de son métier : la médecine des animaux. Entre la gestion des clients difficiles et les tâches administratives chronophages, Claude Bourgelat aurait-il imaginé un vétérinaire doué du don d’ubiquité ? Rien n’est moins sûr. à de nombreux égards, c’est dur d’être vétérinaire. La blouse peut cacher bien des choses comme un stéthoscope, mais aussi un mal-être qui, dans le pire des cas, mène au suicide. Face au client moderne devenu très exigeant, la création par l’Ordre de l’Observatoire des agressions et des incivilités Ribbens et l’initiative Vétos-entraide sont les baromètres de cette tranche de la profession qui va mal. En 2018, 188 praticiens ont fait une déclaration d’incivilité en ligne via leur espace personnel sur le site de l’Ordre. Ce nombre s’élevait à 75 en 2017. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme et d’agir. Agir pour ne plus souffrir et ne pas banaliser la violence des mots et des actes. Des remèdes existent pour aider le vétérinaire qui ne va pas bien. D’abord, il s’agit de libérer sa souffrance par la parole. Il est encouragé à exprimer son mal-être au téléphone ou par écran interposé. Il est invité à lever les tabous autour du mal-être au travail. À prendre soin de lui en cultivant son bien-être. ●