B.A.-BA du bien-être animal en parcs zoologiques - La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019

CONFÉRENCE

ACTU

Auteur(s) : BAPTISTE MORINIAUX  

Le bien-être animal est de plus en plus pris en compte dans les parcs zoologiques et passe notamment par un travail sur l’enrichissement de l’environnement des animaux.

À l’heure où se pose la question de la légitimité de la présence d’animaux dans les cirques, celle du bien-être animal dans les parcs animaliers semble également un enjeu incontournable. « Quels sont les rôles des zoos ? Et quid du bien-être animal dans les zoos ? », s’est demandé Amélie Romain, éthologue, fondatrice du bureau d’études Akongo Wildlife Connection et spécialiste dans le conseil et la formation des professionnels animaliers, lors d’une conférence sur le bien-être animal en zoo le lundi 27 mai à l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Devant près de 50 étudiants, elle a rappelé que le zoo avait beaucoup évolué. D’un lieu d’exposition au sens strict, les parcs animaliers sont devenus des espaces dédiés à la conservation, à la recherche, à l’éducation et au tourisme. Les attentes des visiteurs n’ont, en revanche, que peu évolué : la visite au zoo reste avant tout ludique, même si, progressivement, petits et grands s’interrogent sur le bien-être des résidents des parcs.

Bien-être animal ou éthique animale ?

« La différence entre éthique et bien-être est subtile, mais déterminante », a précisé Amélie Romain. L’éthique représente tout ce que l’humain trouve acceptable ou non et sera par conséquent très connotée socioculturellement. Le bien-être est une approche centrée sur l’animal, sur ce qu’il ressent et sur ses besoins. « Les considérations éthiques ne changent pas les besoins de l’animal et sont indépendantes de son bien-être. Il faut veiller à subvenir aux besoins de l’animal, pas aux nôtres ! », a-t-elle encore martelé. Le bien-être animal s’articule autour du concept des “cinq libertés” : ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies ; ne pas souffrir d’inconfort ; ne pas souffrir de faim ou de soif ; pouvoir exprimer les comportements naturels propres à son espèce ; et ne pas éprouver d’émotions négatives (peur, stress, etc.). Jusqu’à présent, les responsables des zoos se concentraient sur une chose : éviter à l’animal toute expérience négative (avec des possibilités de se cacher du public, par exemple). Dans ce cadre, le monitoring du stress par le dosage des glucocorticoïdes fécaux et urinaires est une des méthodes utilisées pour mesurer le bien-être. Aujourd’hui, ils cherchent en plus à encourager les expériences positives, via, entre autres, l’enrichissement du milieu.

Une mise en œuvre parfois complexe

Appliquer ces concepts n’est pas une tâche toujours aisée. « Une connaissance approfondie de chaque espèce et de chaque individu reste indispensable, a expliqué Amélie Romain. Comprendre la place de l’animal et les interactions qu’il entretient avec son environnement est la clé. » Ainsi, tous les paramètres doivent être passés en revue : une alimentation adaptée et variée en fonction des disponibilités saisonnières dans le milieu naturel ; un environnement qui permette l’expression des comportements naturels des espèces et qui offre à la fois des stimulations physiques et cognitives. Les interactions sociales ne sont pas non plus à négliger : entre individus de la même espèce ; avec les autres espèces qui peuvent partager l’enclos ; sans oublier les interactions avec les soigneurs et le public, en particulier dans les enclos dits immersifs, où l’animal est en contact direct avec l’homme. « La notion de choix laissé à l’animal doit se trouver au centre de la réflexion lors de la création de l’enclos. Le choix de se cacher, d’interagir avec son environnement, d’exprimer tel et tel comportement. C’est là que repose toute la difficulté », a conclu la conférencière. Le respect du bien-être en zoo passe donc en grande partie par la conception des enclos : ils doivent à la fois pouvoir satisfaire les besoins physiologiques et psychologiques de leurs occupants. Mais attention, il ne faut pas forcément chercher la copie conforme du milieu naturel, mais plutôt une copie qui offre à l’animal la possibilité d’exprimer toute sa palette comportementale.