Mustang - La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019

FILM

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Auteur(s) : MICHEL BERTROU 

Descendants des chevaux des conquistadors, les mustangs restent l’incarnation vivante du mythe de l’Ouest sauvage. Il y en aurait aujourd’hui 100 000, disséminés sur dix états du nord-ouest des états-Unis. Une population férale difficile à endiguer et qui fait l’objet de régulations aussi onéreuses que contestées, notamment la capture des équidés avec l’aide d’un hélicoptère. Une action mise en scène dans la séquence d’ouverture du film Nevada. Ce premier long métrage s’inspire d’un programme réel de réinsertion au sein d’un pénitencier du Nevada employant des prisonniers pour débourrer les chevaux avant leur mise aux enchères. Archétype du héros taiseux et ombrageux, Roman, incarcéré depuis douze ans pour un crime violent, se voit confier un mustang indomptable. La métaphore est claire. Tandis que l’homme et l’animal vont apprendre à se connecter, Roman va devoir apprivoiser la part la plus sauvage de lui-même. Conjuguant cet apprentissage à la réalité de la prison – entre la violence (aiguisée par un trafic de kétamine) et la solidarité qui se crée entre les cavaliers –, la jeune réalisatrice française s’empare avec audace de deux genres emblématiques du cinéma américain : le western et le film carcéral. Tout en exploitant le dépouillement des décors et les contrastes de son récit, elle évite les clichés par une mise en scène sans cynisme et retenue, soucieuse d’authenticité (impliquant de vrais prisonniers). La belle originalité du film est de suggérer que le chuchoteur est le mustang plutôt que le prisonnier.

Nevada de Laure de Clermont-Tonnerre, avec Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern et Gideon Adlon, France/états-Unis, 1 h 36, sortie le 19 juin.