Vos pratiques évoluent-elles pour être plus écologiques ?
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Auteur(s) : PIERRE DUFOUR
NOTRE RÉFLEXION DE VÉTÉRINAIRE EST FONDAMENTALE
Je suis la fondatrice d’éco Véto, association qui réfléchit à ces problématiques et propose des solutions pratiques. Nous travaillons actuellement sur l’utilisation des plastiques. Depuis la création de notre clinique basse consommation en bois il y a huit ans, nous essayons de développer des solutions écologiques. Nous trions les déchets, hors Dasri (déchets d’activités de soins à risques infectieux), et tentons de réduire certains déchets comme le papier absorbant : 90 % de réduction en partie grâce à des lingettes microfibres. Nos factures ne sont pas imprimées si accord du propriétaire et l’impression avec la police écofont (à trous) réduit l’encre utilisée. Nous privilégions un nettoyage non toxique mais efficace : vapeur d’eau, microfibres performantes. L’utilisation des désinfectants est raisonnée et adaptée. A chaque traitement, je me demande : ai-je vraiment besoin d’antibiotiques, d’antiparasitaires ? Je pense que notre exercice n’est pas anodin et peut présenter une réelle toxicité pour l’homme et l’environnement. Notre réflexion de vétérinaire est fondamentale. La communication et la sensibilisation de la clientèle (de plus en plus demandeuse) sont primordiales. Les médecines complémentaires vont également dans ce sens. • Florence May
JE SOUHAITE PRATIQUER UNE MÉDECINE QUI A DU SENS À MES YEUX
L’écologie a été une réflexion scientifique lors de la construction de notre clinique il y a 1 an et demi. Nous utilisons le plus souvent comme détergent le savon noir auquel nous associons, sur la base de recherches bibliographiques, le nettoyage à la vapeur. Nous préparons notre désinfectant à base d’alcool et d’huiles essentielles et réservons les désinfectants classiques aux situations le justifiant (calicivirus, parvovirose). Nous consommons moins de papier, nous recyclons certaines lames de microscope. Nous nous formons en aromathérapie et phytothérapie. Ce n’est pas la perfection, il faut rester mesuré et proposer des solutions raisonnées et adaptées. C’est avant tout un état d’esprit qui consiste à se poser des questions sur sa pratique. Je me sens responsable en tant que vétérinaire de mon impact sur l’environnement et je souhaite pratiquer une médecine qui a du sens à mes yeux, en remettant le rôle de soignant et de sentinelle au centre. J’apprends à valoriser mes actes pour m’affranchir du côté commercial qui nous amène à vendre des produits parfois non justifiés avec un impact environnemental fort. Nous avons besoin de recherches neutres et critiques sur ces sujets. • Sophie Bureau
J’EN SUIS AU STADE DE PRISE DE CONSCIENCE
La profession vétérinaire est l’une des mieux placées, de par la variété de sa formation, pour parler d’écologie, en particulier sur des sujets comme la cause animale, l’écotoxicité, l’impact des traitements antiparasitaires et antibiotiques. C’est d’ailleurs une ambition clairement affichée par la nouvelle marque vétérinaire. Malheureusement, il n’existe pas encore de créneaux rémunérateurs, tout est à inventer. En ce qui me concerne, j’en suis au stade de prise de conscience. Pour une entreprise de taille moyenne comme la nôtre, avec 25 personnes au total, difficile de motiver tout un groupe sans passer par une certification environnementale avec une motivation économique directe (économie d’échelle en diminuant les frais de fonctionnement) comme indirecte (marketing et image). Concernant le tri des déchets hors médicament, nous ne sommes malheureusement pas soutenus par les organismes officiels. Nous sommes également rapidement coincés par des enjeux de biosécurité. J’ai envie de répondre à toutes ces problématiques mais il existe peu de véritables formations dans ces domaines. • Stéphane Dile