Space cake - La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019

Edito

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Le débat sur la légalisation du cannabis est relancé. Mais était-il réellement en train de s’essouffler ? Le comité d’experts sur le cannabis de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de publier les modalités de l’expérimentation du cannabis à visée thérapeutique. Hasard du calendrier ou approche stratégique, un groupe de députés, issus de quatre groupes politiques, a, de son côté, déposé une proposition de loi pour réguler la production et la vente de cannabis tout en contrôlant la consommation. Dans le même temps aussi, 70 personnalités (économistes, médecins, élus) prennent position en faveur d’une utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques comme récréatives. Oui, mais pour des consommateurs de plus de 18 ans. Sur ce terrain plutôt glissant, deux blocs s’opposent : les “pour” et les “contre”. Toutefois, un vent d’euphorie semble tourner à l’avantage d’une légalisation contrôlée. Et si l’encadrement de l’utilisation thérapeutique du cannabis avait aussi un impact direct sur les animaux de compagnie des personnes consommatrices ? L’un des composants des cannabinoïdes, le THC, est toxique pour leur organisme. Les cas d’intoxication sont d’ailleurs de plus en plus fréquents. Lors de son assemblée générale, qui s’est déroulée au début de ce mois, la Fédération vétérinaire européenne (FVE), en fait le constat en s’appuyant sur l’expérience canadienne (l’usage thérapeutique du cannabis y est autorisé). Enid Stiles, vice-présidente de l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV), note que les vétérinaires observent une hausse importante d’intoxications d’animaux depuis octobre dernier, soulignant que les propriétaires sont devenus moins prudents et ne cachent plus leurs produits à base de cannabis. La légalisation de son usage thérapeutique dans l’Hexagone pourrait ainsi être synonyme d’un nouveau challenge pour les praticiens. Face à un animal intoxiqué, ces derniers devraient trouver les bons mots pour sonder les propriétaires. Ils pourraient aussi les sensibiliser et être des interlocuteurs privilégiés. Mieux vaut prévenir et guérir. ●

Lire aussi pages 10 et 11 de ce numéro.