ÉQUIDÉS
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
L’Académie vétérinaire de France a rendu un avis clair et étayé sur l’insensibilisation de la région palmaire/plantaire du pied du cheval, par névrectomie ou neurolyse digitée.
L’insensibilisation du pied (par chirurgie ou injection de substance) soulève nombre de problématiques : d’ordre éthique, en matière de dopage, de dol lors de vente, mais aussi de responsabilité du vétérinaire. La Fédération européenne des associations de vétérinaires équins (Feeva) avait d’ailleurs déjà souhaité, en 2018, que la névrectomie figure obligatoirement sur le passeport équin.
Sujet relancé il y a un an en France par la députée Martine Leguille-Balloy, présidente du groupe cheval à l’Assemblée nationale, attirant l’attention du ministre de l’Agriculture sur les risques inhérents à l’absence d’obligation de déclarer les chevaux ayant subi une opération de névrectomie. Des praticiens équins avaient fait part de leur inquiétude liée à la difficulté de détecter a posteriori cette opération. « Des chevaux névrectomisés peuvent donc se retrouver sur des circuits de compétition, malgré les contrôles vétérinaires mis en place par les organismes officiels. En outre, l’absence de connaissance d’un acte de névrectomie pose un sérieux problème de responsabilité et de transparence dans les transactions. Le nouvel acquéreur, qui n’aurait pas été informé de l’historique du cheval, ne sera pas conscient du risque induit et ne pourra pas prendre les précautions nécessaires pour prévenir d’éventuels accidents. » Une plus grande transparence dans cette pratique est ainsi nécessaire. La députée avait demandé au ministre s’il envisageait d’imposer au vétérinaire exécutant un acte de névrectomie d’en faire mention sur le livret du cheval.
L’Académie vétérinaire de France a ainsi apporté, le 20 juin, un regard éclairé sur cette question qui touche la filière équine et a formulé des recommandations claires (encadré). Elle a rappellé les obligations déontologiques du vétérinaire, seule personne habilitée à pratiquer ces traitements. En outre, il existe une réglementation applicable aux chevaux de sports et de course, et la vente d’un cheval dont le pied a été insensibilisé, sans le signaler et sans informer des conséquences de l’intervention serait un dol.
L’avis de l’académie est étayé par la synthèse scientifique sur le sujet1. Outre la technique (de la guillotine, et sa version dite “pull through” qui est une référence), l’imagerie médicale permet aujourd’hui d’appuyer les indications et contre-indications. «
La névrectomie n’est en général pas le traitement initial et est utilisée lorsque ce dernier ne suffit plus
», précise l’académie. Mention importante aussi : « Aucune technique de détection de la névrectomie chirurgicale n’a été validée et publiée
».
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1 Voir aussi Pratique Vétérinaire Équine n° 202 (avril-mai-juin 2019), « La névrectomie chirurgicale des nerfs digités : que disent les données publiées ? », page 50.
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