L’eau, un enjeu majeur souvent négligé en élevage - La Semaine Vétérinaire n° 1816 du 05/07/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1816 du 05/07/2019

SYMPOSIUM

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

À l’occasion d’un symposium sur l’eau qui s’est déroulé dans les locaux charentais (Cognac) de Vétalis le 7 juin, Sandy Limouzin, vétérinaire responsable marketing technique et innovation de la société, a réuni différents acteurs du secteur, afin de dresser un état des lieux de la situation actuelle en élevage et des solutions proposées.

L’eau est un nutriment indispensable souvent négligé en élevage », a indiqué Gaël Cheleux, chercheur à la faculté de médecine vétérinaire de Liège (Belgique), en introduction du symposium sur l’eau organisé le 7 juin par le laboratoire Vétalis. À cette occasion, différents experts se sont réunis pour rappeler l’importance d’assurer un apport hydrique adapté en élevage.

Vers un consensus sur la consommation réelle en élevage ?

En effet, en élevage, les besoins en eau sont importants. Cependant, les méthodes de calcul actuelles parviennent à des résultats différents. Alors que, selon la méthode volumétrique Water Footprint Network, 15 000 l d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande ou 1 000 l d’eau pour produire 1 l de lait, selon la méthode ISO14046:2014, seuls 50 l d’eau suffisent pour 1 kg de viande et 20 l pour 1 l de lait. C’est pourquoi, selon Gaël Cheleux, « face à la diversité des intervenants en élevage, il reste beaucoup à faire pour vulgariser le discours et mieux communiquer avec des chiffres fiables ». Pour cela, des programmes comme Aware (Available Water Remaining, lancé en 2017) se mettent en place. Cette nouvelle méthode de calcul1, qui tient compte des intrants et du stress hydrique, devrait apporter des données plus « fiables », a-t-il ajouté.

Des eaux de qualité variable

Par ailleurs, au-delà du besoin quantitatif, qui devra être adapté à l’animal et facile d’accès, divers aspects qualitatifs de l’eau doivent être pris en compte. En effet, selon le mode d’approvisionnement, les qualités de l’eau varient (eau de pluie distillée versus eau de source chargée en minéraux, par exemple). Dans un tel contexte, comme l’a précisé Gaël Cheleux, toutes les solutions sont envisageables, mais l’essentiel sera de privilégier un apport ad libitum en eau du réseau pour les veaux qui, en l’absence de flore ruminale, sont plus fragiles. « Tous ces éléments doivent être pris en compte, car ils ont un impact économique en élevage », a-t-il conclu.

Les vétérinaires, des acteurs essentiels en conseil

Afin de s’assurer de la qualité de l’apport hydrique et de sa stabilité, des appareils portables de mesure existent pour compléter sur le terrain les analyses des laboratoires accrédités (qualité organoleptique, dureté, salinité, pH et composition en oligoélements et minéraux). Une telle analyse devrait être réalisée au moins une fois par an, selon Gaël Cheleux. Or, comme l’a indiqué Jean-Philippe Lavigne, directeur général de la société Ocene, les éleveurs bovins sont souvent peu formés et peu sensibilisés quant à l’importance de l’eau en élevage, c’est pourquoi les vétérinaires sont en première ligne pour les conseiller à ce sujet, réaliser les premières mesures et savoir interpréter les analyses de laboratoire.

Différents systèmes de traitement

« Suivant les résultats d’analyses obtenus, certaines problématiques sanitaires et leurs conséquences économiques pourront être résolues », a-t-il ajouté. En effet, les méthodes de traitement de l’eau existent (chloration, ultraviolet, etc.). Elles sont essentielles pour la rendre potable, mais aussi propres à son utilisation pour l’hygiène de traite et comme vecteur de supplémentation en élevage. Or, selon Angèle Suzanne, responsable du développement de projet élevage chez Dosatron, « l’intérêt de la médication via l’eau de boisson est grand, car un animal boit plus qu’il ne mange. On peut donc moduler le dosage facilement, ne traiter qu’une partie des animaux et gagner en temps d’ad ministration ». C’est pourquoi le laboratoire Vétalis devrait proposer rapidement aux vétérinaires intéressés la commercialisation d’une pompe doseuse (Dosatron). « Ce dispositif expérimental de calculateur intégré (consommation en eau et posologie du traitement ou du supplément) pourra notamment être utilisé pour les galets effervescents brevetés par le laboratoire en 2018 », a conclu Sandy Limousin, responsable marketing et technique chez Vétalis.

1 Méthode développée par l’United Nations Environment Program et la Société de toxicologie et de chimie de l’environnement.