Après les premiers coups, « Je vais te tuer », menace à nouveau la cliente - La Semaine Vétérinaire n° 1820 du 20/09/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1820 du 20/09/2019

AGRESSION DANS LE RHÔNE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

À l’annonce du décès de son yorkshire, une propriétaire s’en est violemment prise à Carine Heid, vétérinaire à Pierre-Bénite. À l’annonce du drame, la solidarité de la profession s’est rapidement mise en place.

Fracture fermée du côté gauche, contracture musculaire, lésions traumatiques superficielles multiples de la tête… Aux urgences, le médecin rédige un certificat d’incapacité temporaire de travail (ITT) de 15 jours. Mais sans remplaçant, Carine Heid (L 86), praticienne canine à Pierre-Bénite (Rhône), ne s’arrêtera pas de travailler. En juin dernier, elle a pourtant vécu un calvaire. Elle a été agressée violemment par une cliente, propriétaire d’un yorkshire hospitalisé dont elle venait d’apprendre le décès. Alors que le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) souhaite sensibiliser les praticiens à l’importance de déclarer les incivilités et les agressions, ce sombre fait divers rappelle que les actes de violences se multiplient contre les vétérinaires. Choquée, Carine Heid a porté plainte. L’affaire sera auditionnée le 9 décembre par le tribunal de grande instance de Lyon. La propriétaire devra répondre de ses actes.

Violences et menaces de mort

Tout commence le mercredi 13 juin. Une cliente présente à la clinique du docteur vétérinaire Heid sa petite chienne nommée Daisy. Le vétérinaire constate une hyperthermie accompagnée de vomissements et, après plusieurs examens, diagnostique une pancréatite. Malgré les soins qui lui ont été apportés, l’animal est finalement décédé quelques jours plus tard. Sa propriétaire a été prévenue rapidement. « Quand je l’ai accueillie, elle était plus énervée et stressée que triste. Je l’ai accompagnée dans le chenil, devant la cage de la petite chienne que j’avais couchée sur son coussin rouge. C’est là qu’elle a perdu toute contenance. Elle m’a tutoyé, m’a accusé d’avoir euthanasié le chien et de ne pas l’avoir soigné durant ce week-end. Puis les coups sont partis », témoigne Carine Heid. Des fortes gifles à plusieurs reprises, puis des insultes et des menaces répétées. Face à la violence des actes et des mots, la vétérinaire se réfugie dans une boulangerie voisine et prévient les forces de l’ordre. Mais l’escalade de violences ne s’arrête pas là.

Le soutien de la profession

« Pendant ce temps, M me X a emporté son chien et est montée dans une grosse Mercedes noire, tout en proférant des menaces de mort à mon encontre : “Je vais te tuer, je vais te butter”. Et ce n’est pas fini : 15 minutes plus tard, elle revient. Elle s’était changée, d’une robe, elle était passée à un caleçon. M r S. était présent et s’est interposé. Elle m’a à nouveau frappé, insulté, menacé. Puis la police d’Oullins est intervenue et l’a embarquée », poursuit la vétérinaire. Pour autant, Mme X ne décolère pas. Malgré son interpellation, elle se rend à la clinique du docteur vétérinaire Heid, le lendemain et le surlendemain de l’agression. « M me X sort de nouveau de ses gonts et commence à menacer le docteur : “Je vais te taper ! J’ai pas peur des flics” », témoigne l’auxiliaire vétérinaire de la structure. Carine Heid s’en remet à la justice. Elle indique que le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires s’est constitué partie civile lors du procès. Ce dernier lui a d’ailleurs exprimé son soutien. Des confrères ont également lancé une cagnotte en signe de solidarité.