ENTRETIEN AVEC DENIS AVIGNON
ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Lors de la journée consacrée à la e-santé animale de l’université d’été de Castres (2 au 4 juilllet), Denis Avignon, vice-président de l’Ordre national des vétérinaires, a mis en garde les praticiens donnant des conseils vétérinaires en ligne personnalisés. Dans ce cadre, il refait le point sur la télémédecine vétérinaire.
Comment définir la télémédecine vétérinaire et quelles sont les différences avec la télémédecine humaine ?
Nous suivons les mêmes définitions qu’en médecine humaine (encadré). Il s’agit de la médecine vétérinaire qui utilise les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Elle doit se faire lors d’un contrat de soins, avec un suivi régulier de l’animal. Les délais entre le dernier examen d’un troupeau ou d’un animal et la téléconsultation restent encore à définir, mais, a priori, ils seraient de l’ordre de 6 à 12 mois.
Lors du congrès de Castres, vous avez annoncé que la législation sur la télémédecine ne verrait pas le jour avant 2021. En pratique, cela implique donc encore des interdits. Quels sont-ils ?
Ce qui est théoriquement interdit est la téléconsultation. Il convient donc d’être vigilant sur le téléconseil. Un conseil doit rester général. Dès lors qu’il est personnalisé, il s’agit d’une consultation. En outre, en clinique, en cas d’appel d’un client, la conversation rentre dans le cadre de l’exercice classique d’un établissement de soin. à noter que la télérégulation est autorisée. Cette forme de télémédecine correspond uniquement à des situations d’urgence ou présumées comme telles. Le Conseil de l’Ordre a validé, depuis 2016, plusieurs sociétés d’exercice qui en font et qui sont, de fait, bien inscrites au tableau de l’Ordre.
Qu’en est-il de l’outil chatbot 1 ?
Lorsqu’il se cantonne à des conseils hypergénéralistes et qu’il oriente très rapidement vers le vétérinaire en cas de problème, cet outil est tout à fait envisageable. Cela relève du téléconseil vétérinaire, l’objectif ici étant d’alléger un peu le secrétariat. En revanche, la responsabilité est bien identifiée : il s’agit d’un outil mis en place par un établissement de soins, dans lequel il y a un vétérinaire inscrit à l’Ordre… donc d’un service rendu dans le cadre de la pratique vétérinaire. En cas de dysfonctionnement, le praticien aura sa responsabilité engagée au même titre qu’un mauvais conseil de l’auxiliaire spécialisé vétérinaire.
Au congrès, vous avez évoqué le fait que l’Ordre serait prêt à sanctionner des praticiens qui feraient du conseil vétérinaire personnalisé en ligne. Qu’en est-il ?
Actuellement, nous faisons face à un essor de plateformes spécialisées dans le conseil vétérinaire. Parfois, elles dérapent. Nous veillerons à ce qu’il n’y ait pas de dérives. Si après un premier avertissement, certains confrères continuent à faire du conseil vétérinaire personnalisé, il pourrait y avoir des actions disciplinaires. Pour l’instant, il n’y aucune sanction en cours.
Pourquoi est-ce important de légiférer sur la télémédecine ?
En réalité, ce n’est plus une question. La télémédecine est nécessaire. Technologiquement, tout le monde est prêt. Le propriétaire l’est psychiquement et techniquement. Côté vétérinaire, certains ont compris que c’était un enjeu important. Le modèle économique existe, en témoigne les exemples aux états-Unis et en Australie. Il faut le voir comme un outil supplémentaire dans la trousse du praticien.
1 Un premier chatbot vétérinaire français a été présenté à l’université d’été de Castres.
LES DIFFÉRENTES COMPOSANTES DE LA TÉLÉMÉDECINE