PROFESSION
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
De quelle façon le vétérinaire peut-il valoriser les données collectées en élevage afin de les partager avec des acteurs qui ne sont pas du domaine de la santé animale ? Des pistes à explorer ont été présentées par des représentants du secteur.
Comment le vétérinaire peut-il être présent sur le marché des données agricoles ? Pour tenter de répondre à ces interrogations et proposer des solutions concrètes, une table ronde a été organisée, le 15 mai dernier, à Nantes (Loire-Atlantique), lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires. Discussions et collaborations avec les acteurs clés, création de passerelles entre les données des éleveurs et celles des vétérinaires, prise en compte des attentes du consommateur final, transformation digitale, etc. Le vétérinaire est invité à prendre le virage du numérique. Tout un changement de culture et d’approche pour transformer son modèle économique. L’ensemble des intervenants se rejoignent sur un point : il est primordial pour la profession de travailler avec les acteurs clés du marché des données agricoles. Une action collective est nécessaire afin de faciliter la fusion des informations.
L’une des premières pistes de réflexion suppose la mise en place de plateformes d’échanges de données. Théo-Paul Haezebrouck, d’Api-Agro, une plateforme de mise en relation entre émetteur et récepteur de la donnée dans le domaine agricole, propose de se servir des modèles existants ou de créer une base de données commune ou individuelle. Concernant la valorisation de ces éléments, il envisage la signature de conventions avec des organismes ou des fédérations pour cadrer la collaboration entre les différents acteurs. Du côté des industriels, David Lussot (MSD) indique travailler à la mise sur le marché d’un outil qui permette de mettre en commun les données d’éleveurs et de vétérinaires. Timothée Audouin, vétérinaire consultant en e-santé animale, envisage d’autres pistes à explorer pour la profession, telles que la production d’une traçabilité des médicaments délivrés, l’informatisation du vétérinaire ou encore le suivi du bien-être animal. Mais la question du financement reste en suspens.
Si l’objectif est identifié, le chemin pour y parvenir semble semé d’embûche. Pour Éric Lejeau (Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, SNVEL), l’enjeu principal est de repositionner le vétérinaire au cœur de ces données, afin qu’il puisse alimenter son offre de services et aider l’éleveur à être plus rentable. « Aujourd’hui, nous nous heurtons à un fantasme. Les éleveurs croient détenir une mine d’or qu’ils veulent valoriser très cher. Nous devons faire un inventaire large de toutes les solutions qui existent. Il y a un travail politique à continuer à mener auprès des organisations professionnelles au niveau national
», souligne Éric Lejeau. Afin de sortir de l’impasse, il propose l’organisation d’un symposium avec les acteurs clés pour construire les prémices d’une base de données standardisée. Pour Jean-François Labbé (Société nationale des groupements techniques vétérinaires, SNGTV), il ne faut pas oublier l’éleveur dans cette équation, son consentement est primordial. «
C’est le maillon indispensable. Les éleveurs sont propriétaires des données. Il est nécessaire d’aller vers des systèmes qui vont favoriser et faciliter la certification. Cela doit rapporter à l’éleveur.
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UN TOURNANT NUMÉRIQUE À PRENDRE