La coopérative

Quatre ans après Béliers ¹, le réalisateur Grímur Hákonarson poursuit ses chroniques du milieu rural islandais. Nous y retrouvons son minimalisme formel si bien assorti aux paysages de landes givrées de l’île et à ses personnages d’éleveurs taciturnes. Comme Woman at war de son collègue Benedikt Erlingsson², quoique plus naturaliste et mélancolique, Mjólk raconte la révolte solitaire d’une femme. Quand son mari meurt accidentellement, lui laissant toutes les dettes qui pèsent sur leur exploitation laitière, Inga tente d’en reprendre les rênes coûte que coûte. Découvrant alors les pratiques mafieuses de la coopérative pour imposer sa tutelle économique à ses membres, l’agricultrice les dénonce sur les médias sociaux et entame une croisade pour que cesse cette dépendance viciée de toute la communauté (très masculine) des exploitants laitiers. Sa victoire sera douce-amère. Bien que propre à l’Islande – dont la ruralité combine singulièrement modernité high-tech et rusticité ancestrale – cette parabole d’éleveurs laitiers endettés, piégés par un système qui profite abusivement d’eux, fait écho à une réalité agricole qui nous est familière. Si l’histoire souligne leur asservissement résigné, elle montre aussi des idéaux collectivistes qui, avec le temps, se sont insidieusement corrompus. Le parti, respectable, du réalisateur de ne pas caricaturer les méchants ni de surjouer le conflit, finit toutefois par alanguir l’intrigue dont la résolution laisse un goût d’inabouti.
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1663 du 4/12/2015, page 54.

² Voir La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 6/07/2018, p 51.

Mjólk, la guerre du lait de Grímur Hákonarson, avec Arndís Hrönn Egilsdottir, Sigurdur Sigurjónsson, Sveinn Ólafur Gunnarsson, Islande, 1 h 30, sortie le 11 septembre.