La gestion d’équipe, un cap à suivre - La Semaine Vétérinaire n° 1821 du 27/09/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1821 du 27/09/2019

MANAGEMENT

ÉCO GESTION

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Développer l’esprit d’équipe implique de faire passer ses propres intérêts derrière ceux du collectif. Sans leader et sans objectifs communs, il n’y a pas d’équipe.

Que l’on soit un ou plusieurs associés, il est de notre intérêt de cultiver un esprit d’équipe, au risque d’observer une baisse de motivation, une moindre envie de combler les erreurs de l’autre, mais aussi une absence de synergie. Pour ce faire, il convient de s’éloigner de l’image de la famille pour se rapprocher de celle de l’équipe, souligne Pierre Mathevet, consultant et président de Tirsev, qui animait un atelier sur ce sujet aux dernières journées nationales des groupements techniques vétérinaires1. Et de penser collectif ! « Ce ne sont pas les meilleurs éléments qui font la meilleure équipe », assure-t-il, tout en affirmant que « la force collective est supérieure à la somme des forces individuelles ». Les rôles et responsabilités de chacun doivent y être clairement définis, tout comme il est essentiel que les règles de fonctionnement de l’entreprise soient justes, connues et partagées. Plusieurs prérequis sont indispensables pour atteindre un esprit d’équipe.

Avoir un leader

Pas d’équipe sans leader, qui doit être « empathique, visionnaire, non autodécrété mais reconnu par les autres ». « Le travail d’un leader est de prendre les gens tels qu’ils sont et de créer, par la bienveillance et l’encouragement, les conditions dans lesquelles ils pourront s’épanouir et se développer », explique Pierre Mathevet. Pour ce faire, il doit disposer d’une bonne capacité d’écoute, de compréhension et de communication, mais aussi de la faculté de motiver et d’influencer les membres de l’équipe. « Tout le reste n’est que désir de domination et de contrôle, c’est-à-dire de l’ego ! »

Partager une vision

Avoir une vision de l’entreprise dans quatre à cinq ans, ou « un rêve réaliste », comme le nomme Pierre Mathevet, permet d’indiquer à ses collaborateurs la direction à prendre, de donner du sens au travail effectué et d’aligner toute l’équipe vers des objectifs communs. « Ce but doit être attirant, motivant, stressant mais pas trop, et créer une juste tension, motrice et non paralysante », souligne-t-il.

Reconnaître la diversité

Une équipe est composée d’individus aux compétences diverses, permettant de pouvoir définir et attribuer à chacun leurs rôles respectifs et leurs responsabilités. En parallèle, il convient de favoriser les feed-back, positifs comme négatifs (encadré), tout en prenant garde ne pas employer de formulations malheureuses qui auraient l’effet inverse à celui escompté. Un bon retour est de « s’interdire de faire des remarques négatives sur les individus », recommande Pierre Mathevet.

Définir la gouvernance

« L’équipe commence toujours par le noyau des associés », rappelle-t-il. Ainsi, il est nécessaire d’élaborer un pacte et un règlement intérieur d’associés. Dans ce cadre, il convient de définir les règles si une décision ne fait pas l’unanimité, car « si nous rêvons tous de l’unanimité, c’est très souvent illusoire avec le principe de diversité ». Par exemple, la décision de recruter des salariés sous contrats à durée déterminée ou des stagiaires pourrait ne requérir qu’une majorité simple, quand l’embauche d’un contrat à durée indéterminée se ferait à la majorité absolue. Quant à l’augmentation du nombre d’associés ou de lourds investissements, elle nécessiterait forcément l’unanimité.

1 Du 15 au 17 mai 2019 à Nantes (Loire-Atlantique).

LA RÉUNION D’ASSOCIÉS, UN PASSAGE OBLIGÉ

Elle est indispensable pour Pierre Mathevet, et demande de respecter un minimum de règles. Ainsi, la réunion d’associés doit être planifiée au minimum 15 jours à l’avance, et il convient de la limiter à 2 heures. L’ordre du jour doit également être établi en amont avec tous les participants, via par exemple des échanges d’e-mails 72 heures avant la date fixée. L’organisateur définit les sujets prioritaires à raison de 4 à 5 par heure. Il est tenu de communiquer l’ordre du jour définitif 48 heures avant le début de la réunion. Outre l’organisateur, ce sont aussi tous les participants qui doivent préparer les points qu’ils souhaitent aborder. À l’issue de la réunion, le responsable sera en charge d’établir un compte rendu, correspondant à un relevé de décisions (qui fait quoi et quand ?), qui devra être validé par l’ensemble des participants dans un délai préalablement défini (Pierre Mathevet recommande de reporter les modifications éventuelles dans les quatre jours), avant toute communication à l’équipe et mise en application. Si les réunions d’associés sont indispensables, il est aussi primordial d’organiser des réunions globales avec l’équipe.

PESER SES MOTS

Gérer ses équipes passe par une communication verbale appropriée, que ce soit pour exprimer de la reconnaissance ou faire un feed-back. La reconnaissance ne se limite pas à la rémunération : elle concerne la personne en tant que telle, ainsi que son travail. « On ne peut jamais compter sur toi » est une phrase à éviter, car destructrice (perte d’estime de soi et de repères). Au contraire, « J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec toi » renforce la confiance en soi et l’autonomie, tout comme « Tu as fait du bon travail » est encourageant et motivant. Il est possible aussi de faire du positif avec du négatif. Par exemple, « Ton analyse d’incident est incomplète, voilà ce que je souhaiterais » est intéressant si les attendus sont bien précisés et que la demande s’inscrit dans une démarche de construction. En matière de feed-back, il convient de s’appuyer sur quatre piliers : l’observation (se fonder sur des faits réels et pas rapportés ni interprétés), le sentiment (exprimer son ressenti personnel sans jugement de l’autre), le besoin (identifier son besoin insatisfait) et la demande (formuler sa demande pour satisfaire ce besoin). Pour l’observation, c’est par exemple : « Tu es arrivée trois fois en retard lors de nos quatre dernières réunions d’associés, ce qui n’a pas permis de prendre les décisions prévues. » Pour le sentiment, il convient notamment d’éviter de dire : « C’est inadmissible (…), on n’avance pas à cause de toi », mais plutôt : « J’ai vraiment l’impression que tu considères que ces réunions ne sont pas importantes pour la bonne marche de la clinique. » Exprimer son besoin passe par expliquer ce que l’on souhaiterait. Enfin, formuler sa demande nécessite d’être clair, voire de proposer son aide. Pour exemple, en cas de retard régulier, il est possible de demander : « De quoi as-tu besoin pour arriver à l’heure ? », ou encore : « À quoi peux-tu t’engager pour les trois prochaines réunions ? »