CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : PIERRE DUFOUR
La première consultation permet de fidéliser la clientèle, mais aussi de rectifier les erreurs dues aux mauvais conseils parfois donnés par les animaleries lors de l’achat. Ces erreurs concernent souvent l’environnement et l’alimentation et sont la source d’affections fréquentes. « Déposer dans la salle d’attente votre feuille de prise d’anamnèse et de commémoratifs pour les propriétaires avant la consultation », conseille notre confrère Charly Pignon. En effet, même si le motif est autre, la cause est souvent liée à l’environnement ou à l’alimentation.
- Pour le lapin, l’espace qui lui est réservé est idéalement le plus grand possible, dans une pièce aménagée spécifiquement, sans cage, avec une litière et un lieu de couchage, en veillant à protéger les fils électriques. Un clapier peut être utilisé à l’extérieur. Si se passer de la cage est impossible, en conseiller une plutôt en hauteur pour permettre au lapin de se dresser sur les postérieurs, avec des barreaux, car celles en plastique n’ont pas une ventilation correcte et les vapeurs d’urines entraînent des rhinites environnementales pouvant se surinfecter. Le lapin, n’effectuant sa thermorégulation qu’avec les oreilles (système à contre-courant), supporte mal les hautes températures (danger cardiorespiratoire à 28 °C). Une hygrométrie de 50 % est idéale. Cette espèce, avec une respiration nasale obligatoire et une fréquence respiratoire élevée, est très sensible aux courants d’air (utiliser une allumette pour les mettre en évidence), à la fumée de cigarettes, aux parfums d’intérieur, aux encens, etc. La gamelle doit être large et lourde, celle d’eau est préférée au biberon (120 ml/kg/j). Pour le substrat, préférer une litière de chanvre végétale ou un Drybed®, plutôt que du foin, de la paille ou de la litière minérale à l’origine de pododermatites (les lapins n’ont pas de coussinets). Le milieu peut être enrichi par des cachettes, des jeux, mais surtout, étant un animal social, par un second lapin (stérilisé).
- Le furet, lui, a une grande capacité respiratoire (deux fois et demie celle du lapin) et est moins sensible à l’environnement (humidité, température), il est relativement propre (multiplier les bacs à litière). Très curieux, il tombe régulièrement et l’environnement doit être sécurisé. Attention à la photopériode, qui, si non respectée, peut favoriser des troubles hormonaux (maladies surrénaliennes).
- Le lapin présente deux particularités : un appareil digestif long, avec un cæcum volumineux permettant la digestion de la cellulose, et la cæcotrophie. « Si vous avez un doute sur un aliment, pensez au lapin de garenne qui mange des herbes et des feuilles, ce qui exclut yaourt, fruits secs, etc. », illustre notre confrère. Le calcium ingéré, n’étant pas régulé par la vitamine D, est absorbé passivement dans l’intestin et se retrouve dans la vessie, entraînant calculs et cystites, lors de leur sédimentation dans la vessie, notamment en cas de trop grande sédentarité. La luzerne et les blocs à lécher, contenant beaucoup de calcium, sont à proscrire. Une forte teneur en fibres est essentielle, apportée par du foin de bonne qualité (vert, non poussiéreux et peu compact ; exemple : phléole des prés), qui permet également l’usure des dents et un bon péristaltisme. Les friandises à base de sucre et les barres de céréales sont à bannir : préférer les fruits en petite quantité, donnés à la main. Conseiller une bonne gamelle contenant trois sortes de légumes verts par jour, avec une introduction progressive des nouveaux aliments. Bien que non obligatoires (sauf en croissance, en lactation et en gestation), 25 à 30 g/kg/j de granulés (pas de mélange) peuvent compléter le menu.
- L’alimentation du cochon d’Inde est assez similaire (foin essentiel, granulés non obligatoires), si ce n’est qu’il digère plus efficacement la cellulose, et est coprophage. Il n’est pas capable de synthétiser sa vitamine C : il est possible de lui en apporter avec de la verdure, des agrumes ou sous forme extrudée.
- Le rat est omnivore, son alimentation se compose de granulés deux à trois fois par semaine, des légumes et fruits, du fromage avec modération.
- Le furet est un carnivore avec un transit très rapide (3 à 4 heures). Son alimentation doit être pauvre en fibres. La source principale des protéines des croquettes doit être d’origine animale (attention aux céréales, pas de sous-produits) : environ 80 à 85 % de poulet ou de dinde pour les meilleures marques. Une alimentation ménagère est possible – « le site Cuisine-a-crocs.com peut aider à la formuler », conseille notre confrère Christophe Bulliot –, mais est contraignante et doit être bien suivie. Attention aux régimes 100 % viande, totalement inadaptés. Une alimentation carnée avec des proies entières, des poussins, est également possible mais aussi contraignante (respect de la chaîne du froid, gestion du stock).
- Le lapin, étant une proie, cache ses signes cliniques : le lâcher dans un espace qui lui est réservé dans la clinique (parc à bébé) permet de l’observer. Porter une attention particulière à l’examen de la cavité buccale (28 dents) avec un otoscope et aux oreilles. Deux vaccins sont disponibles et n’ont pas d’interaction entre eux : myxomatose + VHD 1 (à partir de 5 semaines avec une immunité au bout de 3 semaines ; rappel annuel) et VHD 2 (à partir de 10 semaines ; rappel annuel). Le traitement des parasites externes (puliculose, cheyletiellose, gale) peut se faire avec l’association imidaclopride et moxidine ou de l’ivermectine. Le fipronil est mortel pour le lapin. Les vers sont rares. La coccidiose, fréquente lors de l’achat, peut être traitée avec l’association triméthoprime-sulfamides. L’Encephalitozoon cuniculi, fréquent et à l’origine d’une encéphalite avec un syndrome vestibulaire, peut être traité avec du fenbendazole. La stérilisation est vivement conseillée chez la femelle, car les tumeurs utérines sont fréquentes. Après 4 mois, préférer l’ovariohysterectomie.
- « Le cochon d’Inde est encore plus trouillard que le lapin et, en plus, il cause. Tenez-le avec deux doigts qui entourent le cou et deux autres le torse, ou utilisez la technique du burrito avec une serviette », prévient Christophe Bulliot. Les otites bactériennes sont relativement fréquentes, parfois associées à de la paralysie faciale et à un ulcère cornéen. L’embonpoint s’apprécie par la palpation des côtes (pesée tous les mois). L’examen dermatologique permet de mettre en évidence de la teigne le plus souvent sur la tête (zoonose : attention aux enfants), de la gale sur le corps, provoquant un prurit intense parfois à l’origine d’un syndrome neurologique (tétanie associée à un prurit intense), des poux, de la pseudo-gale. La puberté est atteinte entre 40 et 45 jours, le sexage est important. Bien examiner la cavité buccale (20 dents), l’articulation temporo-mandibulaire. La coupe de griffes permet de vérifier la présence de polydactylie, fréquente.
- Attention aux morsures avec le furet, très souple : le tenir par la peau du cou. Son poids peut varier de 30 à 40 % entre l’hiver et l’été. Palper le ventre avec un doigt de chaque côté : une zone de tension peut déclencher un reflux gastro-œsophagien visible par un mâchonnement ou le grincement des dents.
La vaccination permet de protéger l’animal contre la rage (à partir de 3 mois ; rappel annuel) et la maladie de Carré, incurable et mortelle (pas d’autorisation de mise sur le marché pour le furet ; utiliser un vaccin pour chien avec le moins de valences possible, à partir de 8 semaines).
Le furet peut héberger de la gale des oreilles sans otite. Il est possible de traiter les parasites externes par du fipronil ou de la sélamectine. Parfois, la coccidiose provoque un prolapsus rectal. Un test par Polymerase Chain Reaction (PCR) coronavirus peut être utilisé en cas de diarrhée verdâtre.
La stérilisation permet de réduire l’odeur et les comportements agressifs. Elle est plus indiquée pour la femelle. Pubère à partir de 6 mois, elle présente des chaleurs (vulve enflée) jusqu’au coït, qui déclenche l’ovulation. En cas d’absence de coït, un hyperœstrogénisme est fréquent, à l’origine d’une anémie. La stérilisation chirurgicale peut entraîner une maladie surrénalienne (dans 20 % des cas). L’implant de desloréline (Suprelorin®) est donc conseillé et dure en moyenne 2 ans. « Pour couper les chaleurs j’utilise de la gonadolibérine (GnRH) 1 », conseille notre confrère.
- Chez le rat, la stérilisation des femelles, chirurgicalement ou avec un implant de desloréline dès 3 mois (prévoir deux implants pour la vie de l’animal), permet de prévenir le risque de tumeurs mammaires.
•