FILM
DITES-NOUS TOUT
Auteur(s) : MICHEL BERTROU
Le cinéma de fiction témoigne de plus en plus de la crise du monde agricole et ce sont les réalisateurs qui en sont issus qui en traduisent le mieux la détresse. Après Petit Paysan d’Hubert Charuel1 en 2017, ce long métrage est réalisé par le fils d’un agriculteur qui, en 1999, mit tragiquement fin à ses jours. La transposition pour le grand écran de ce drame familial (qui lui avait déjà inspiré en 2013 le documentaire Les Fils de la terre), en dépit des libertés qu’elle s’autorise, préserve l’authenticité du vécu. L’attention aux détails justes en témoigne, l’engagement total des comédiens y contribue.
Fin des années 1970. Fraîchement revenu des États-Unis et plein de projets, Pierre rachète l’exploitation de son père. Vingt ans plus tard, entouré d’une famille soudée et heureuse, il est devenu un chef d’entreprise… endetté. Pour rembourser ses crédits, banques et fournisseurs l’incitent à se développer davantage. Il se lance dans l’élevage de poulets, travaille d’arrache-pied, mais les dettes ont redoublé. L’orgueil paysan retiendra le père d’aider son fils et ce dernier de le lui demander. L’incendie d’un bâtiment portera le coup de grâce. Pierre, épuisé, sombre dans la dépression. Gavé de neuroleptiques, il lui sera difficile de se relever. Le film décrit la poignante descente aux enfers d’un homme et, avec lui, de sa famille. Sa pertinence est de montrer qu’à la responsabilité d’un système qui étrangle les agriculteurs s’ajoute celle, plus intime, d’une crise de la transmission.
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1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1729 du 2/9/2017, page 54.
Au nom de la terre d’Edouard Bergeon, avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon, France, 1 h 43, sortie le 25 septembre.