CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
L’intoxication d’une colonie d’abeilles peut être liée soit à une exposition interne à la ruche (traitements médicamenteux, complémentation alimentaire, etc.), soit à une exposition externe de diverses origines (agricole, industrielle, jardin de particulier, actions collectives de salubrité publique, etc.). En cas de suspicion d’intoxication aiguë, l’enquête environnementale devra s’attacher à identifier le périmètre de butinage potentiel des abeilles, les substances à l’origine de l’intoxication, ainsi que les sources d’exposition chimique. L’utilisation de données satellitaires, cartographiques et météorologiques constitue une étape essentielle pour y parvenir1. Au préalable, il convient de récupérer les coordonnées GPS (pour global positioning system ; encadré ci-dessous) de localisation du rucher pour ensuite pouvoir définir l’aire de butinage. Le GPS de son véhicule peut être utilisé, ou encore les applications de géolocalisation accessibles sur les smartphones. Par exemple, sur Google Maps, les coordonnées en degrés décimaux (DD) ou sexagésimaux (DMS : degré, minute, seconde) peuvent être obtenues en cliquant directement sur le point de géolocalisation. Ces coordonnées sont ensuite vérifiables sur des sites de géolocalisation comme Coordonnees-gps.fr. L’apiculteur, qui possède une connaissance du territoire environnant, des potentielles sources d’exposition et des périodes de miellées, peut aussi apporter des informations précieuses.
Les photographies satellitaires, librement accessibles via plusieurs services et sites de cartographie comme Google Earth, Google Maps, Satellites.pro et Cartesfrance.fr, permettent d’identifier différentes zones d’intérêt pour l’enquête : zones urbaines, industrielles, centres commerciaux, de méthanisation, bâtiments d’élevages industriels, haies, forêts, cours d’eau, serres, cultures maraîchères, etc. La précision de certaines cartes fait apparaître les ruches, voire les traces de passage d’engins agricoles dans les champs de culture. Croiser ces cartes avec les photos deMapstreetviewpeut être utile, notamment en cas de doute sur le type de cultures pérennes observé. En outre, Geoportail.gouv.fr (encadré ci-contre) permet de compléter ces données, de par l’accès à des éléments géographiques, hydrographiques et des cultures en place. Ce travail d’analyse des cartes peut révéler des parcellaires plus ou moins morcelés, avec parfois plus de 100 agriculteurs sur la zone de butinage de 3 km. Aussi est-il nécessaire de bien identifier au préalable et sur le terrain les sources d’exposition pertinentes. À noter que des zones de butinage s’étendent parfois sur de multiples départements ou régions. Dans ce cas, une collaboration avec plusieurs directions départementales est requise. Si ces outils de cartographie permettent d’appréhender les aires de butinage potentielles des abeilles, ils ne suffisent pas. Leur exploitation doit être forcément complétée par une enquête environnementale de terrain, afin de croiser les informations et de mieux définir les sources d’exposition des colonies.
Outre ces éléments cartographiques, les données météorologiques revêtent également un intérêt, sachant que l’exposition environnementale n’est possible que s’il y a sortie des abeilles de la ruche… Une sortie qui dépend notamment des conditions climatiques (température, vent, pluie, etc.). Ces dernières impactent aussi la vie intérieure de la colonie et donc les symptômes observés, de même que la consommation et l’état des réserves alimentaires. En outre, elles influent sur la production de nectar, et donc sur l’attractivité des plantes en fleur. Ainsi, une floraison abondante n’est pas forcément synonyme de bonne miellée. Plusieurs sources d’information des conditions météo passées2 sont accessibles sur Internet, mais il convient de récupérer les données rapidement, car certains sites ne les conservent pas longtemps. L’idéal est de les extraire le jour de la déclaration. Pour exemple, si les relevés météo montrent une période pluvieuse, venteuse, et aux températures moyennes inférieures à 10 °C, il en résulte que la période était vraisemblablement peu favorable à l’activité extérieure des abeilles mellifères, avec une aire de butinage potentiellement réduite. De plus, les conditions météorologiques difficiles rendent délicates les applications de produits phytopharmaceutiques et les floraisons peuvent s’étaler dans le temps. Attention toutefois à la localisation des stations météorologiques et à la variabilité des conditions météo locales (vent, pluie, température, ensoleillement, etc.). Afin de mieux les caractériser, s’informer auprès d’une station fiable et située à proximité des ruchers impactés est conseillée.
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1 Outre l’utilisation des cartes, la démonstration toxicologique s’appuie sur la qualité du suivi des ruchers par l’apiculteur (notamment la chronologie des événements), le diagnostic différentiel des troubles observés et l’analyse des matrices apicoles et végétales.
2 Sur le site de Météo France, les données des conditions météo passées sont payantes. Les sites Meteociel.fr ou Meteo60.fr mettent aussi des informations à disposition.
GÉOPORTAIL, DES CARTES ET DES OUTILS
DES FLEURS PLUS OU MOINS ATTRACTIVES