Dermatite digitale des bovins : quels conseils donner aux éleveurs ? - La Semaine Vétérinaire n° 1822 du 04/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1822 du 04/10/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Depuis l’apparition en France, en 19801, de la dermatite digitale (DD), les produits d’hygiène pour les pieds des bovins se sont multipliés. Or, ces spécialités ne sont pas toutes efficaces. Catherine Lutz,fait le point sur l’efficacité et le mode d’emploi optimal des produits existants.

Des formes cliniques variées

La DD est présente dans toute l’Europe, sous différentes formes cliniques. Au stade débutant sont visibles des lésions de plus (forme M2) ou moins (forme M1) 2 cm. Puis, à la suite du traitement local ou d’une guérison spontanée, la présence de croûtes brunâtres (forme cicatricielle de la maladie M3) est observée. Cependant, si le traitement est trop tardif ou mal conduit, la lésion évolue vers une forme chronique, bourgeonnante (M4), qui constitue le réservoir de la maladie au sein d’un élevageen raison desdébris cellulaires qui se répandent dans le milieu et des formes enkystées de tréponèmes qu’elle peut abriter. Enfin, même après la guérison, la maladie peut récidiver à partir de formes cicatricielles (formes M4-1).

Une maîtrise difficile

Jusqu’à récemment, les produits d’hygiène ont été commercialisés à des fins thérapeutiques et préventives. Or, selon la conférencière, ils n’ont pratiquement aucune vertu thérapeutique et l’éradication de la maladie semble actuellement impossible. Néanmoins, pour en limiter l’impact, il existe des règles à suivre telles que la méthode Fighters. Elle repose sur l’utilisation d’un pédiluve (footbath), la détermination de la fréquence et du type de lésions retrouvé dans l’élevage (infection status), du type d’animaux atteints (group of animals) et des conditions d’hygiène de l’élevage (hygiene), sur la mise en place ou non d’un parage préventif et curatif (trimming), sur des méthodes de détection et des traitements précoces (early topical treatment), sur l’enregistrement des données (record keeping), et enfin sur le renforcement de la santé et de la protection de la peau (skin quality).

Une détection précoce indispensable

La clé de voûte des mesures est la détection précoce des animaux infectés par un examen minutieux de tous les pieds de toutes les vaches deux fois par mois, et un parage deux fois par an des vaches au tarissement et en milieu de lactation.

Un traitement individuel et immédiat

Par ailleurs, même si 20 à 35 % de guérisons spontanées peuvent être observées au sein d’un troupeau, si les animaux atteints sont identifiés assez précocement, ils devront ensuite être parés puis traités localement, individuellement, immédiatement et pendant trois jours consécutifs au minimum. Parmi les différents topiques (hors antibiotiques) présents sur le marché, ceux à base de cuivre et de zinc, d’acide acétylsalicylique, d’acides inorganiques ou contenant de l’isothiocyanate d’allyle ont montré une efficacité comparable aux antibiotiques. D’après la législation, les seuls produits topiques disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France sont le Intra Hoof-fit® Gel et le TAF Spray®. De plus, selon les résultats d’une étude menée à l’université de Berlin, l’application d’un pansement étanche2 accélère la guérison clinique des lésions.

Une hygiène indispensable

Toutefois, outre le traitement topique, le principal élément pour guérir la DD est de respecter des conditions d’hygiène strictes. Cela pourra compléter l’utilisation de pédiluves3, qui permettent de prévenir la contamination de pieds sains par des formes chroniques (M4) pour devenir des formes M1 ou M24.

1 Gomez, Döpfer.

2 Compresse + coton + bandage adhésif + goudron de Norvège.

3 Solano, Relun, Ariza.

4 Solano.

Catherine Lutz Société nationale des groupements techniques vétérinaires. Article rédigé d’après une conférence présentée lors des journées nationales des GTV en mai 2019 à Nantes.