ENTRETIEN
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
L’usage des produits dermocosmétiques, que ce soit pour l’entretien ou dans un contexte pathologique, doit être réfléchi.
Comme en santé humaine, les animaux ont aussi accès à des produits dermocosmétiques. Emmanuel Bensignor, vétérinaire spécialiste en dermatologie, et coauteur d’un ouvrage sur la question, fait le point sur leur usage en pratique vétérinaire.
Comment définir la dermocosmétique vétérinaire ? D’où vient-elle ?
C’est une pratique visant à améliorer l’aspect de la peau, du pelage. En faisant un parallèle avec la médecine humaine, on y inclut aussi les dents et les muqueuses. Il s’agit donc de nettoyer, d’embellir, voire de corriger les mauvaises odeurs corporelles, tout comme les états squameux et séborrhéiques. En médecine vétérinaire, son développement est associé à la venue d’un nouveau laboratoire1 qui en a fait son créneau au début des années 2000. Néanmoins, dès les années 1980, il existait déjà des gammes de shampoings pour les chiens.
Dans quels contextes les produits de dermocosmétiques peuvent-ils être utilisés ?
Des produits existent pour les chiens, les chats et les chevaux. Pour les nouveaux animaux de compagnie également, même s’ils font l’objet de moins de publications. Ils peuvent être envisagés en complément d’autres traitements dans un contexte pathologique, mais aussi en prévention. L’entretien est le premier usage qui peut en être fait. Ces produits ont ensuite leur place dans le traitement des états pelliculaires, et des publications en confirment l’efficacité. Enfin, ils sont également recommandés pour les peaux sensibles, à tendance inflammatoire. Dans ma pratique, un nombre croissant de consultations concernent des problèmes de peau, sans que cela ne s’inscrive dans une situation pathologique. Dans tous les cas, j’essaie d’utiliser ces produits de façon systématique, mais il est clair que leur coût et une mauvaise observance en limitent l’usage.
Toutes les formes galéniques se valent-elles ?
Chacune vise des objectifs spécifiques. Pour autant, il est possible d’utiliser différentes formes pour un même contexte. Par exemple, en cas d’impossibilité pour un propriétaire de faire un shampooing à son animal, une mousse pourra être une solution alternative. Les spot on sont intéressants si répéter les shampooings s’avère compliqué. En outre, il existe des différences de qualité des matières premières entre les produits disponibles sur le marché. Après, toute la question est de savoir si cette différence justifie celle des prix pratiqués.
Une peau saine ne passe-t-elle pas plutôt par une alimentation adaptée ?
Oui, et il y a des publications qui ont mis en évidence qu’une supplémentation orale, en oméga 3, anti-oxydants, etc., avait un intérêt cosmétique. En théorie, il convient d’associer les voies orale et cosmétique.
Quelles garanties peut-on avoir sur les produits commercialisés 2 ?
À mon sens, les leaders du marché n’ont pas intérêt à faire n’importe quoi. Même si ces produits ne sont pas des médicaments, un grand nombre de ces laboratoires ont adopté une démarche scientifique d’évaluation de leurs produits, qui repose sur des éléments factuels. Il existe des publications démontrant leur efficacité, alors même qu’il n’ y a pas d’obligation d’essais cliniques. Pour d’autres gammes, on peut effectivement se poser la question. En ce qui concerne l’innocuité, ces produits ne sont en général pas extrêmement agressifs, mais je pratique avec certains des tests épicutanés pour exclure toute réaction de contact.
Quels conseils donneriez-vous aux praticiens intéressés par la dermocosmétique ?
Les produits dermocosmétiques ont tendance à être utilisés, sans que l’on tienne compte de leurs spécificités. De plus, les vétérinaires ont tendance à ne développer qu’une offre associée à un contexte pathologique, alors que la dermocosmétique répond à une demande des propriétaires d’animaux, comme je peux le constater en consultation. À mon sens, chaque clinique devrait disposer d’une gamme thérapeutique et d’une gamme cosmétologique.
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1 Il s’agit de LDCA, Laboratoire de dermocosmétique animale. Il a été créé en 2003.
2 La réglementation sur les produits cosmétiques ne mentionne pas le terme “dermocosmétique” ni un usage vétérinaire.
LA DERMOCOSMÉTIQUE, UN TERME “CONCEPTUEL”