CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : CORINNE LESAINE
Dans la nature, les lapins ont pour habitude de se nourrir de manière intermittente du crépuscule à l’aube et leur métabolisme est plus rapide que celui des grands mammifères. Par conséquent, toute période d’anorexie de plus de 12 heures peut avoir des conséquences sérieuses (stase intestinale, hypoglycémie ou lipidose hépatique). Savoir distinguer au plus tôt le lapin qui n’arrive pas à manger de celui qui refuse de s’alimenter lorsqu’il est présenté pour anorexie est essentiel. L’absence d’émission de selles est également un signe d’alerte. Si le sujet est dans l’incapacité de manger, la recherche s’oriente vers des anomalies dentaires, des aliments inappropriés ou des compétitions entre lapins dans une même cage. Si, à l’inverse, il refuse de manger par manque d’intérêt pour la nourriture, l’origine est soit environnementale, soit d’ordre systémique (maladies rénales, hépatiques, gastro-intestinales, intoxications, ingestion de corps étrangers). Il est alors prudent de commencer par une liste complète des antécédents, de l’élevage à la maison, sans quoi le diagnostic sera délicat.
Un examen clinique complet comprend la palpation, l’auscultation des bruits intestinaux et un examen buccal à l’aide d’un otoscope. Les affections dentaires, constituant l’une des causes les plus fréquentes d’anorexie, sont plus faciles à identifier ; elles sont parfois associées à d’autres anomalies moins décelables sans examens complémentaires. Pour cette raison, la plupart des lapins anorexiques doivent être hospitalisés afin d’en déterminer les causes, de recevoir un traitement intensif et de stabiliser leur état clinique. L’admission de l’animal en zone calme, confortable, disposant d’une litière, où il est protégé de la vue des prédateurs et trouve des aliments appétissants et un congénère, s’il ne vit pas seul, est une étape essentielle. Selon les symptômes, la stabilisation de l’animal passe par l’oxygénation, le réchauffement, la réhydratation et la nutrition assistée, avec administration d’analgésiques associés ou non à un ou des prokinétiques (ranitidine, cisapride, métoclopramide). Pour la réhydratation, les quantités à administrer sont deux fois plus importantes que pour les chiens ou les chats, jusqu’à 100 ml/kg/j en entretien, au vu de la rapidité du métabolisme, d’où l’intérêt de poser un cathéter à l’oreille dès le début de la consultation et de perfuser à débit constant ou sous forme de bolus au moment des traitements (toutes les 2 à 4 heures) pour limiter les manipulations, sources de stress. Les voies orale, sous-cutanée (SC) ou intra-osseuse sont considérées comme des relais ou parfaites pour les lapins de petite taille, avec un ajout de hyaluronidase à la dose de 1 500 UI/l SC. L’apport nutritionnel, s’il se fait par sonde nasogastrique, est de 50 ml/kg/j en trois à cinq prises. Patience et adaptation aux goûts du lapin sont les clés de la réussite. Penser à ce qu’il aime le plus : des herbes données à la main, un biberon d’eau accroché à la cage, son humain référent, les périodes nocturnes propices à l’alimentation…
Le lapin étant par nature une espèce qui se cache, les signes de douleurs peu apparents sont à rechercher par l’observation du comportement général, mais surtout celle de l’expression faciale (yeux, oreilles, moustaches). Si une maladie est suspectée, les analgésiques sont conseillés, de façon à rompre un éventuel cercle vicieux entre douleur, réduction de la motilité gastro-intestinale et anorexie. L’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est possible (méloxicam 0,6 mg/kg deux fois par jour, certaines études préconisant jusqu’à 1,5 mg/kg/j pendant 5 jours) et des opiacés (buprénorphine, sans dépasser la dose de 0,05 mg/kg toutes les 6 à 8 heures).
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