ROYAUME-UNI
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Des entretiens menés par l’université de Lancaster mettent en exergue les discriminations sexuelles dont sont victimes les femmes vétérinaires outre-Manche. Impactant leur carrière.
En apparence, il pourrait sembler que la tendance à réduire le nombre de femmes dans la hiérarchie est due au fait qu’elles sacrifient une carrière pour leur famille. Mais c’est beaucoup plus compliqué que ce que cette vision stéréotypée implique », a déclaré David Knights, coauteur d’une étude1 menée par le département de travail et de technologie de l’université de Lancaster sur les discriminations sexuelles au sein de structures vétérinaires. Le document publié le 6 septembre révèle que les femmes sont victimes de discriminations sexuelles de la part de clients et de collègues de travail. Les auteurs ont mené 75 entretiens avec des vétérinaires de sexe masculin et de sexe féminin de tout le Royaume-Uni, s’adressant à des praticiens âgés de 25 à 63 ans. Les recherches ont montré que les femmes atteignent rarement les postes à responsabilité, leur emploi étant davantage celui d’assistant que de directeur ou d’associé.
Initialement, l’étude ne portait pas sur les questions liées au genre. Il s’agissait de recueillir la perception des sondés de leur métier. Mais les personnes interrogées ont régulièrement abordé, directement ou indirectement, la question des discriminations sexuelles. Selon les auteurs de l’étude, le genre devenait un enjeu d’une importance telle qu’il ne pouvait être ignoré. Bien que « féminisée en termes numériques », la profession de vétérinaire et « sa structure et sa culture professionnelles restent masculines », soulignent les chercheurs. Ils retiennent en effet que 76 % des diplômés des écoles vétérinaires britanniques sont des femmes, mais peu ont progressé et ont gravi les échelons et un nombre limité d’entre elles occupent des postes à responsabilité. Les auteurs expliquent cette tendance par une « idée répandue » selon laquelle les femmes sacrifient leur carrière professionnelle au profit de leur vie de famille. Pour David Knights, l’équation est bien plus compliquée « que cette vision stéréotypée. Beaucoup de femmes avec lesquelles nous nous sommes entretenus, en particulier au début de leur carrière, ont déclaré que leurs clients, voire leurs propres confrères, considéraient qu’elles avaient une compétence et une crédibilité limitées, menaçant ainsi leur identité professionnelle », souligne-t-il.
«
Elles étaient automatiquement présumées être des mères potentielles, ce qui a été considéré comme problématique pour les carrières de longue durée
», ajoute David Knights. Les auteurs rapportent également des propos de clients percevant les femmes vétérinaires comme plus faibles, intellectuellement plus limitées et subordonnées aux hommes. Ils notent en effet que les clients sont «
souvent explicitement sexistes
», insistant pour que des vétérinaires de sexe masculin traitent leurs animaux. L’étude a également révélé une croyance largement répandue selon laquelle les femmes ne souhaitaient pas être promues, car elles ne voulaient travailler qu’à temps partiel. Les auteurs notent que ces «
stéréotypes
» sont autant véhiculés par des hommes que par des femmes. Face à cette situation, ils révèlent que les femmes ne contestent pas ces situations «
ni la culture masculine “ancrée” dans la pratique vétérinaire
». Au lieu de cela, elles ont tendance à quitter la profession ou à travailler à temps partiel.
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L’AVMA S’ATTAQUE AU HARCÈLEMENT SEXUEL