Boehringer lance les travaux d e son futur centre de production de vaccins vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1823 du 27/09/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1823 du 27/09/2019

LABORATOIRE

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Opérationnel en 2022, le complexe de Lyon-Jonage (Rhône) devrait produire plus de 400 millions de doses de vaccins contre la fièvre aphteuse par an, devenant le plus grand site européen de production.

C’est en présence du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, et de nombreux élus que Boehringer Ingelheim a posé la première pierre de son futur centre de production de vaccins contre la fièvre aphteuse, le 20 septembre, à Jonage, près de Lyon (Rhône).

Le but de l’entreprise est « de mettre à disposition des solutions vaccinales de haute qualité, fiables et adaptées à chaque situation, pour répondre rapidement en cas d’urgence sur le terrain », a déclaré Erick Lelouche, président de Boehringer Ingelheim Santé animale France.

Le projet est ambitieux, avec plus de 200 millions d’euros d’investissement et plus de 100 emplois hautement qualifiés à la clé. Mis en service en 2022, il est prévu que le site produise au moins 400 millions de doses vaccinales par an, dans un bâtiment de 15 000 m² sur cinq niveaux, doté notamment de 35 cuves de culture cellulaire et virale, devenant le premier producteur européen de vaccins contre la fièvre aphteuse.

Vaccins et banques d’antigènes

« Les foyers de fièvre aphteuse sont de plus en plus nombreux dans le monde, avec des souches multiples, et la maladie, diagnostiquée en Afrique du Nord, est actuellement aux portes de l’Europe », avertit Jacques Bonin, directeur santé publique vétérinaire. La maladie, hautement contagieuse et aux conséquences sanitaires et économiques importantes, est une priorité de lutte de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). « Par exemple, l’épidémie de 2001 au Royaume-Uni a entraîné l’abattage de 6 millions d’ovins et de bovins, et coûté 10 milliards de dollars », précise-t-il. La gestion d’une épizootie passe par des mesures d’urgence sanitaires et médicales, notamment par une vaccination massive rapidement. Cependant, Jacques Bonin nous apprend que « la production de vaccins est actuellement insuffisante dans le monde, et la demande en vaccins devrait doubler en 10 ans. Nous avons ainsi besoin de créer cette capacité. »

Boehringer Ingelheim répond ainsi à ces enjeux de santé publique en intervenant à deux niveaux, comme l’explique Erick Lelouche : « L’entreprise met à disposition des vaccins en cas d’urgence, et prodigue des conseils sur le choix du sérotype de vaccin, parmi les sept disponibles, adapté à la souche à l’origine de l’épizootie. Elle fabrique également les vaccins de façon massive et constitue des banques d’antigènes ». L’enjeu, très important, est la rapidité d’action. Ainsi, « le temps de fabrication et de mise à disposition des vaccins est considérablement réduit, de 5 à 11 jours contre 6 à 9 mois. »

20 contrats

Cela repose sur une coordination étroite entre différents acteurs et états. Erick Lelouche rappelle que Boehringer Ingelheim est partenaire de plusieurs gouvernements et d’organisations internationales, l’OIE et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et a signé 20 contrats concernant des banques d’antigènes dans le monde. « En tant que numéro 1 mondial de la santé publique vétérinaire et pour les vaccins fièvre aphteuse et rage, nous voulons continuer ce partenariat avec la construction de ce site en France, pays où notre expertise santé publique vétérinaire est reconnue et où l’Anses1 est le laboratoire européen de référence pour la fièvre aphteuse », appuie-t-il. Ainsi, l’entreprise continue son implantation en région lyonnaise, où sont déjà ancrés le siège Santé animale France et plusieurs sites consacrés à la recherche, à la production, au stockage et au conditionnement. Le président précise que l’entreprise veut faire son pôle international de référence pour les vaccins vétérinaires « là où tout a commencé avec la fondation de l’Institut français de la fièvre aphteuse à Lyon-Gerland, devenu Rhône-Mérieux, puis Mérial, et enfin Boehringer Ingelheim ».

1 Agence nationale de sécurité sanitaire.