LABORATOIRES
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Entre fusions, acquisitions et autonomie, le marché de la santé animale ne cesse de se métamorphoser. Plusieurs éléments seront à prendre en compte pour anticiper ces mutations notamment à l’ère du numérique.
Demain sera digital ou ne sera pas ? Les enjeux du futur sont de taille pour les industriels de la santé animale, en particulier dans deux domaines. D’abord le digital. Les laboratoires proposent de plus en plus aux vétérinaires des services et outils connectés pour les accompagner dans leur pratique quotidienne. Une façon aussi pour la profession de faire son entrée sur le vaste marché des données. à l’international, de nouvelles opportunités poussent la croissance du marché, notamment au sein des pays émergents. L’Organisation des Nations unies (ONU) prévoit en effet une augmentation de 33 % de la consommation mondiale de viande entre 2005 et 2050. Ce phénomène s’accompagnera en particulier d’une hausse de la demande en vaccins pour les animaux d’élevage.
Les industriels de la santé animale ont pris le tournant du digital. Ils proposent désormais aux praticiens une multitude de services et d’objets connectés : colliers, applications, plateformes de prise de rendez-vous en ligne, logiciels, etc. La digitalisation fait son entrée dans les cliniques et plus sûrement dans les élevages. Des services connectés mettent en relation le vétérinaire et l’éleveur, qui peuvent suivre en temps réel l’évolution de l’état de santé de l’animal. De même, les start-up spécialisées dans le digital séduisent de plus en plus les laboratoires. Par exemple, en septembre 2018, Vetoquinol a pris une participation majoritaire dans Farmvet Systems, une start-up irlandaise qui s’est fait connaître dans l’analyse de données issues d’élevages. La même année, MSD Santé animale a racheté l’entreprise française Antelliq, qui propose des solutions d’identification, de traçabilité et de surveillance des animaux. En 2019, Boehringer Ingelheim lançait à Lyon le projet Synapse, en collaboration avec 1Kubator, un incubateur de start-up spécialisées dans la santé digitale. Le projet pourrait s’étendre à l’international.
Selon l’agence Xerfi France, le chiffre d’affaires des industriels du médicament vétérinaire restera bien orienté en 2020. Sur le marché hexagonal, les laboratoires bénéficieront notamment d’une demande dynamique sur le segment des animaux de compagnie. «
La hausse du nombre de félins et de nouveaux animaux de compagnie (NAC), ainsi que l’attention croissante accordée au bien-être animal, soutiendront en effet la consommation de produits de santé animale. L’activité restera néanmoins atone sur le segment des animaux de rente, en lien notamment avec l’érosion des cheptels bovins observée en France depuis 2016. La pénétration croissante auprès des agriculteurs des solutions alternatives aux médicaments vétérinaires (phytothérapie, aromathérapie, etc.) contribuera, en outre, à pénaliser l’activité des industriels du secteur
», souligne le groupe Xerfi. Le marché à l’international sera au beau fixe en 2020. L’agence table sur la forte croissance de l’activité à l’export vers certains pays émergents. Elle note notamment le cas du Brésil, troisième marché mondial, sur lequel Vetoquinol s’est renforcé en avril 2019 par le biais de l’acquisition du laboratoire Clarion Biociências (12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018), qui produit des médicaments pour les animaux de rente.
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