CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX
L’obésité est une affection organique qui peut être un symptôme de troubles comportementaux, de problèmes relationnels entre les propriétaires et l’animal ou d’une non-adaptation du milieu de vie. Dépister les troubles du comportement associés au surpoids est important pour la prise en charge de l’obésité comme de l’affection comportementale sous-jacente.
Chez l’humain, la nourriture véhicule bien plus que de simples nutriments, c’est un partage positif de bonnes choses, un vecteur d’affection. Le but est de faire plaisir à l’animal. Souvent, il existe des rituels autour de la distribution de nourriture, particulièrement chez le chat, qui amènent des émotions positives à l’animal comme à ses propriétaires.
Chez le chat, une demande est souvent comblée par de la nourriture, alors qu’il s’agissait peut-être d’un besoin de contact, d’interaction, de jeu ou de câlin. Cette méprise va inciter l’animal à reproduire la même action et à surconsommer son aliment. La prise alimentaire peut aussi être une activité de substitution dans un contexte de conflit : la nourriture, de la même façon que le léchage compulsif, représente alors une tentative d’apaisement émotionnel. L’anxiété provoquée par un milieu de vie non conforme aux besoins de l’espèce féline peut mener à une surconsommation d’aliment si celui-ci est laissé à volonté. La distribution des aliments ne respecte souvent pas du tout les besoins éthologiques des animaux. Les chats doivent manger de petites quantités de nourriture régulièrement et avoir la possibilité de chasser. Ce n’est pas le remplissage stomacal qui apaise l’animal, mais le fait de chasser et de se restaurer fréquemment.
Chez le chien ou le chat obèse par anxiété, il existe un risque de dépression. La prise en charge de l’obésité nécessite alors un recadrage éthologique, «
il n’a pas faim, il demande une interaction positive
». S’il existe des rituels, il convient de ne pas les supprimer, car ils sont positifs pour les propriétaires comme pour l’animal. Leur suppression engendrerait de la frustration des deux côtés : les modifier, par exemple, en proposant chez les chats la distribution de cuillère de nourriture humide le matin, au retour du travail et avant le coucher. La nourriture devrait plutôt être utilisée en récompense dans l’éducation. Les propriétaires pourront alors demander d’exécuter un ordre comme s’asseoir pour recevoir la récompense. Chez le chat, les croquettes devront être disponibles dans la journée dans un jeu distributeur mimant l’activité de chasse. Chez le chien, il peut y avoir surconsommation par compétition entre chiens ou avec les propriétaires qui «
mettent la main dans la gamelle
»
: le chien se sent alors agressé et mange trop et trop vite. Il conviendra alors de faire en sorte qu’il ne se sente pas menacé lors de son repas. Pour la distribution d’à-côtés, le jeu de la ligne rouge matérialisée à 2 m de la table pourra être proposé. Le chien devra alors apprendre à rester assis sans bouger derrière cette ligne jusqu’à la fin du repas pour recevoir ce qui a été mis de côté pour lui à table. D’autres rituels peuvent être créés sous forme de jeu.
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