Pratiques et perception de l’usage des antibiotiques en élevage aviaire - La Semaine Vétérinaire n° 1824 du 04/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1824 du 04/10/2019

CONFÉRENCES

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Une enquête a été menée auprès de 20 éleveurs de poulets de chair standard et 20 éleveurs de poules pondeuses (en cage ou au sol)1 pour comprendre les déterminants des pratiques d’utilisation des antibiotiques et identifier les leviers pour aider les éleveurs à s’engager dans une démarche de réduction. L’analyse des résultats des questionnaires n’a pas montré de lien entre catégories de consommation d’antibiotiques et performances techniques ; « un argument de poids » pour les auteurs pour convaincre les éleveurs de réduire leurs usages. Avant d’envisager un traitement de tout le lot, ces derniers ont indiqué demander l’avis de leur vétérinaire (10 éleveurs sur 20) ou de leur technicien (17/20). L’envoi d’animaux aux laboratoires est quasi systématique pour les poulets de chair avant la mise en place d’un traitement (18/20). Parmi les facteurs qui leur ont permis de réduire les antibiotiques, les éleveurs de poulets de chair ont cité la génétique (20/20), la biosécurité (13/20) et le bâtiment (12/20). En poules pondeuses, la biosécurité et le statut sanitaire (11/20) sont arrivés en tête2. À noter que seuls sept éleveurs de poules pondeuses et aucun de poulets de chair n’ont mentionné la vaccination. Selon les auteurs, ce résultat est lié au fait que les programmes de vaccination en poulets de chair sont généralement standardisés et donc vus par les éleveurs comme une norme.

Une meilleure formation

Parmi les leviers qui aideraient à réduire leur consommation, les éleveurs ont insisté sur une meilleure information et/ou formation. Ils cherchent à parfaire leurs connaissances théoriques, notamment sur les maladies et traitements, mais aussi sur la gestion de la biosécurité ou sur les « alternatives » au sens large. Ces dernières suscitent deux opinions opposées : soit elles sont vues comme des leviers majeurs de réduction des antibiotiques, soit comme des mesures inefficaces. Un constat qui souligne, pour les auteurs, la nécessité de préciser ce terme générique afin d’identifier les solutions adoptées dans chaque situation. Les éleveurs ont aussi indiqué que le vétérinaire et le technicien auquel il est associé étaient leurs interlocuteurs privilégiés et, dans ce cadre, ils sont apparus favorables à la mise en œuvre d’un plan de suivi personnalisé pour réduire leur consommation d’antibiotiques. Pour les auteurs, ces résultats illustrent la volonté des éleveurs de s’engager dans une démarche de démédication. Pour y parvenir, un renforcement de l’implication du vétérinaire, en duo avec le technicien, est nécessaire.

1 Sélection d’éleveurs parmi 230 élevages dont les traitements sont enregistrés dans le logiciel Indicavet.

2 La génétique n’a pas été citée comme levier par les éleveurs de poules pondeuses.

Article rédigé d’après une présentation faite aux 13es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras à Tours (Indre-et-Loire), les 20 et 21 mars. Y. Piel et coll., 13, 186-190.