ENTRETIEN
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
L’impact de l’élevage sur le climat est régulièrement mis en avant par les médias grand public. Si le secteur contribue aux émissions de gaz à effet de serre, les leviers ne manquent pas pour développer des élevages plus durables. Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture à l’Institut national de la recherche agronomique, fait le point sur ces perspectives d’évolution.
En partie, mais ils pourraient être exagérés. Ce qu’on peut lui reprocher est l’émission de méthane, de protoxyde d’azote, conséquence de l’usage des engrais, et du CO2, lié à l’utilisation des machines et au chauffage des bâtiments. À nuancer, car les découvertes récentes tendent à montrer que tous les gaz à effet de serre (GES) ne se valent pas quand on considère leurs effets dans le cadre de la COP 21. Le méthane a une durée de vie limitée à une dizaine d’années dans l’atmosphère contre plusieurs centaines pour le CO2, de même que pour le protoxyde d’azote. Donc toute baisse des émissions correspond à court et moyen termes à une diminution de la concentration atmosphérique de ce GES. Il ne faut pas oublier que le premier poste d’émission de GES provient du déstockage massif du carbone fossile lié à nos modes de vie : la production de pétrole pour l’industrie et le transport. Il est vrai, néanmoins, que l’agriculture en bénéficie.
Il faut réduire les émissions de GES de l’élevage, mais aussi s’adapter car le réchauffement est en marche. Pour cela, plusieurs leviers peuvent être mobilisés. La voie génétique est compliquée, car les animaux à faible production de méthane digèrent moins bien leur ration. Compléter la ration d’acides gras polyinsaturés permet de réduire les émissions de l’ordre de 20 %, mais le prix des additifs peut être un frein à leur utilisation. Améliorer la gestion des effluents est une direction à prendre. Tout comme revoir l’alimentation des animaux en utilisant des protéines européennes et en incorporant des légumineuses qui évitent l’usage d’engrais azoté. En Europe de l’Ouest, la France apparaît comme un pays vertueux, car nous remplaçons déjà le soja par des tourteaux de colza, même s’il convient de poursuivre les efforts. Les filières bovine et porcine pourraient totalement se passer de soja. La production d’énergie au sein des exploitations est à encourager. En France, un travail sur la conduite du troupeau est également un axe à envisager, la question étant de savoir comment réussir à produire la même quantité de viande et de lait avec moins d’animaux. On pourrait, par exemple, faire vêler les génisses à 24 mois, comme le font d’autres pays européens, ou encore consommer plus de viandes issues du troupeau laitier. Enfin, il conviendrait de diminuer le volume de production en Europe. On se dirige vers une réduction, vu la pyramide des âges des éleveurs et les sécheresses à répétition. Pour les monogastriques, l’élevage carbone neutre serait possible. Pas pour l’élevage des ruminants, même s’il contribue au stockage du carbone. Dans ce cadre, les pratiques d’agroforesterie sont intéressantes à développer : remettre des arbres dans les prairies permet à la fois le stockage de carbone et apporte aussi des zones d’ombre, voire de l’alimentation pour les animaux.
Certains prônent une réduction de la filière des ruminants, au profit des monogastriques, plus efficients. Néanmoins, ces derniers consomment des céréales que l’être humain pourrait manger. Le ruminant est finalement un animal très écologique, car il consomme de l’herbe et gère les paysages. Un équilibre est à trouver, mais toutes les filières devront certainement réduire leur production.
D’abord, l’amélioration de la qualité des sols. Il permet aussi la gestion des paysages, et donc de la biodiversité. Il apporte, de plus, des protéines de haute qualité.
•