Mots pour maux - La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le monde agricole est en détresse. Longues et répétées périodes de sécheresse, spectre d’une concurrence déloyale avec les accords de libre-échange transatlantiques, “agribashing”… Les difficultés s’accumulent. « Le monde agricole en a assez », a fait savoir la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) dans un communiqué qui appelait à une mobilisation nationale le mardi 8 octobre pour bloquer les axes routiers. « Je serai à vos côtés », avait répondu le président Emmanuel Macron, en visite surprise au dernier Sommet de l’élevage, à Cournon-d’auvergne, quatre jours plus tôt. Les mots se voulaient rassurants. « C’est une visite pour être à vos côtés dans des moments difficiles », « J’entends les attaques qui m’exaspèrent autant que vous à l’égard des éleveurs », « On va prendre des mesures exceptionnelles sur la sécheresse », « On a besoin d’une agriculture forte. D’une alimentation de qualité, c’est la France qui la fait », avait, entre autres, déclaré le président. Ses mots accusaient : « Je souhaite qu’on arrête le système français tournant autour d’un seul acteur dominant dans le monde de la viande, le groupe Bigard qui fait la pluie et le beau temps sur les prix dans la plus parfaite opacité. » Ils reflétaient aussi une volonté de passer à l’action. « Quand on va au restaurant en France et qu’on mange à la cantine, il faut qu’on puisse manger français. » Des belles paroles ? Ça se discute. « Le constat cette année est inacceptable : encore - 0,4 % de demande de baisse de prix, c’est 300 millions d’euros de pertes pour les producteurs. Malgré la loi, la déflation reste la règle », avait annoncé Richard Girardot, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) au printemps dernier, d’après les premiers résultats 2019 de l’Observatoire des négociations commerciales. « Le ruissellement, ce n’est pas pour maintenant », avait indiqué la sénatrice Anne-Catherine Loisier, corapporteuse de la loi Egalim, peu après, en juin, lors d’une réunion de la commission des affaires économiques pour discuter du bilan de la loi Egalim. La visite d’État au monde agricole suffira-t-elle pour enclencher un cercle vertueux dans le box des négociations ?