Antiparasitaires externes : des précautions d’emploi à rappeler - La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019

ENQUÊTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

L’enquête Pesti’home de l’Anses décrit les pratiques et usages des pesticides par la population française, en incluant les antiparasitaires externes pour chiens et chats. Une sensibilisation sur les risques liés à leur utilisation apparaît nécessaire.

Mieux informer ». L’enquête Pesti’home1 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), publiée en septembre dernier, révèle que les propriétaires d’animaux de compagnie respectent peu les précautions d’emploi2 des antiparasitaires externes. L’objectif était de dresser un état des lieux de l’usage des pesticides par la population française, en identifiant les caractéristiques des utilisateurs, les pesticides utilisés, ainsi que leurs modalités d’utilisation. Parmi les produits inclus dans l’enquête figuraient un certain nombre de médicaments vétérinaires à usage antiparasitaire et des produits biocides de lutte contre les nuisibles, notamment les insectes. Il en ressort un faible port de gants et de masques lors des traitements appliqués à l’intérieur du logement. 85 % des ménages ne mettent pas de gants pour traiter contre les parasites externes. De plus, presque 90 % n’aèrent jamais la pièce dans laquelle ils ont appliqué un produit contre ces parasites, ni ne respectent le délai d’attente avant d’entrer dans cette même pièce. Pourtant, environ deux tiers des ménages déclarent appliquer les recommandations d’application des produits. En parallèle, il apparaît que la dose et la fréquence d’utilisation figurant sur la notice des produits sont bien suivies. Les précautions d’emploi sont davantage respectées pour le traitement des végétaux, des poux, ainsi que des mousses, lichens et champignons.

Renforcer la sensibilisation

Pour les auteurs du rapport, il convient d’accentuer l’information aux consommateurs, notamment via les vétérinaires et les pharmaciens d’officine. Ils citent l’exemple d’affiches en salle d’attente des cabinets vétérinaires qui pourraient inciter « au port de gants », « à aérer après traitement » ou encore « à ne pas laisser les animaux qui viennent d'être traités dormir avec leurs maîtres, surtout avec les enfants ». Un bémol cependant est pointé du doigt par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Elle nous précise que le port de gants ou encore de masque n’est pas recommandé pour tous les antiparasitaires externes. « Cela d épend des produits et du résultat de l’évaluation du risque qui a été réalisée. Ce sont des mesures de gestion du risque qui sont ajoutées lorsque des risques particuliers ont été identifiés ». Au-delà de cette sensibilisation, « ces données pourront être utilisées dans le contexte de l’évaluation des dossiers d’AMM pour les antiparasitaires vétérinaires comme arguments supplémentaires pour défendre la présence de certaines mesures de gestion du risque sur les notices et les étiquetages, souligne l’ANMV. Elles seront également utilisées pour inciter les fabricants et les professionnels de santé à renforcer la communication pour limiter le risque potentiel pour l’utilisateur ».

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2 Les questions de l’enquête sur les modalités d’utilisation, comme le port du gant ou du masque, étaient posées quelles que soient les précautions d’emploi indiquées sur la notice d’un produit.

LES ANTIPARASITAIRES SONT-ILS DES PESTICIDES ?

La publication de l’enquête Pesti’home a fait réagir le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) qui a critiqué1 l’inclusion des antiparasitaires vétérinaires dans la catégorie des pesticides. Pour le syndicat, ce sont « des médicaments et non des pesticides », et les qualifier de tel crée « la confusion avec d’autres substances directement répandues dans l’environnement ». Une position que justifie Ohri Yamada, chef de l’unité à l’Observatoire des résidus de pesticides de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), en charge de l’enquête. « Nous nous sommes basés sur l’acceptation selon laquelle sont définis comme pesticides tous les produits contenant une substance active ayant déjà eu ou ayant encore une utilisation phytosanitaire. En outre, le fait qu’il existe des substances communes aux produits phytopharmaceutiques et aux biocides et médicaments vétérinaires nous a poussés à les intégrer dans l’enquête, même si l’usage n’est pas le même. » Pour lui, « les utilisateurs doivent avoir conscience des produits qu’ils utilisent. Les antiparasitaires restent des produits biologiquement actifs avec une toxicité ». Malgré les résultats de l’enquête, il souligne que « les risques sont bien évalués avant qu’un tel produit soit mis sur le marché, aussi n’y-a-t-il pas de raison de craindre un risque sanitaire particulier tant que les conditions d’emploi sont bien respectées ». Il ajoute : « En tout état de cause, si des effets indésirables étaient observés via le dispositif de pharmacovigilance vétérinaire piloté par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), des mesures de gestion des risques seraient prises, pouvant aller de l’ajout d’une précaution d’emploi sur la notice au retrait de l’AMM ».
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