ANTIBIORÉSISTANCE
ACTU
Auteur(s) : JEAN-PAUL DELHOM
Les groupements techniques vétérinaires et la DGAL d’Île-de-France ont organisé un colloque sur l’antibiorésistance et l’antibiothérapie responsable, le 10 octobre, à l’École nationale vétérinaire d’Alfort.
Pour Anne-Claude Crémieux, de l’hôpital Saint-Louis de Paris, la première raison de cette crise sanitaire liée aux antibiotiques est leur consommation chez l’homme et l’animal. La deuxième raison de cette crise sanitaire est l’augmentation de la population vulnérable (vieillissement et polypathologies). Les malades plus fragiles et soignés en ville estompent la frontière traditionnelle entre ville et hôpital. Pour lutter contre l’antibiorésistance, il convient d’agir sur l’ensemble des prescriptions d’antibiotiques, d’avoir une approche globale (Union européenne, Organisation mondiale de la santé) et d’impliquer la société civile. Actuellement, les priorités sont l’utilisation de nouveaux outils (tests rapides, logiciels, traitements courts), soutenir la recherche et le développement, généraliser des équipes référentes à l’hôpital et en ville, la sensibilisation du public et la volonté politique.
En médecine vétérinaire, les plans ÉcoAntibio luttent contre l’antibiorésistance. Il existe deux plans successifs qu’a présentés Julien Faisnel, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). En ce moment, le plan ÉcoAntibio 2 se propose de poursuivre la dynamique et de confirmer les bons résultats.
Depuis 2013, l’Animal level of exposure to antibiotics (Alea) a baissé de 87,8 % pour les fluoroquinolones et de 94,2 % pour les céphalosporines de 3e et 4e générations.
Un réseau de quatre référents en antibiothérapie, épaulés par quatre experts, a été créé lors d’une phase pilote de 2014 à 2018, reconduite à l’ensemble du territoire métropolitain, après un bilan positif, à compter de 2019.
L’objectif de la thèse de Clémence Bourély est d’évaluer l’impact et l’acceptabilité de la nouvelle réglementation de restriction d’usage des antibiotiques d’importance critique (AIC) en médecine vétérinaire. Un questionnaire à diffusion nationale et des entretiens semi-directifs ont été analysés.
1 292 vétérinaires ont répondu au questionnaire. Avant le décret de mars 2016, 75 % des vétérinaires utilisaient des AIC en première intention dans 40 % des cas. Actuellement plus de 50 % des praticiens exerçant en filière chien/chat ne les emploient plus en première intention. Ce sont les filières industrielles qui recourent plus souvent aux antibiogrammes. 66 entretiens semi-directifs ont été effectués pour étudier l’acceptabilité de cette nouvelle réglementation. La plupart des critiques sont relatives à l’absence d’harmonisation de la réglementation à l’échelle européenne. Si celle-ci est globalement bien acceptée par les vétérinaires, c’est qu’elle était attendue, anticipée et légitime. D’autre part, les praticiens ont constaté qu’il n’y avait pas plus d’échec thérapeutique.
Les décrets sur la réglementation des AIC sont perçus par les vétérinaires comme un soutien réglementaire pour lutter contre l’antibiorésistance et pour redéfinir leur rôle dans les élevages.
« Les inspections en pharmacie vétérinaire sont un outil de sensibilisation », a expliqué Élisabeth Boireau et Alain Guignard, inspecteurs de la direction régionale de l’agriculture et de la forêt (Driaaf) Île-de-France. Elles se font chez les vétérinaires, les groupements d’éleveurs, les pharmaciens selon la réglementation et un programme national d’inspection. Dans les élevages et les cabinets, des agents de la répression des fraudes peuvent intervenir. Des sanctions administratives ordinales et pénales sont possibles. Dans ce dernier cas, elles se font sous l’autorité du procureur. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a développé un vade-mecum pour harmoniser les pratiques des inspections1.
1 Différents ateliers thématiques étaient organisés lors de ce colloque. Lire la suite dans un prochain numéro.