SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rendu ses conclusions, le 14 octobre, quant à la levée des mesures d’interdiction, prises à la suite de l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen, visant la collecte et la commercialisation du lait et des produits laitiers normands.
Sortie de crise annoncée pour les éleveurs laitiers normands. En ce qui concerne le lait et les produits laitiers potentiellement contaminés lors de l’incendie du 26 septembre de l’usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime)1, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rendu, le 14 octobre, son avis2 permettant de lever les arrêtés préfectoraux interdisant leur collecte et leur commercialisation.
Cent trente prélèvements de lait (cru, entier, mélange de laits de tank, d’origines bovine et caprine), réalisés après l’incendie dans des exploitations sentinelles des cinq départements situés à proximité du site industriel (Nord, Oise, Pas-de-Calais, Aisne et Seine-Maritime), ont été analysés par les experts du Groupe d’expertise collective d’urgence de l’Anses. Ces derniers avaient été sollicités en urgence le 11 octobre pour fournir des éléments scientifiques sur les possibilités et les conditions d’une reprise de la commercialisation. Comme indiqué dans le communiqué, les taux des toxiques recherchés (dioxine/furane, polychlorobiphényles [PCB] et les hydrocarbures aromatiques polycycliques [HAP] et éléments traces métalliques [plomb, cadmium, mercure]) étaient donc en deçà des valeurs réglementaires (en moyenne de 20 %) et « conformes aux observations habituelles dans les plans de contrôle annuels réalisés par la Direction générale de l’alimentation », selon les experts. De plus, « ils ne présentaient pas de signes de bioaccumulation dans le temps ».
Par conséquent, comme l’a indiqué le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation3, les produits laitiers et le lait qui étaient bloqués jusqu’à présent dans les départements et dans les zones où ils avaient été expédiés par principe de précaution (laits transformés entre la date d’incendie et la prise des arrêtés préfectoraux) pourront être mis de nouveau sur le marché dès l’entrée en application des arrêtés de levée des mesures. De plus, les éleveurs laitiers pourront reprendre la production et permettre l’accès au pâturage des animaux à la date d’application des nouveaux arrêtés préfectoraux.
Toutefois, les experts notent qu’«
une incertitude inhérente aux données disponibles est associée aux conclusions formulées
» et ils insistent sur l’importance de «
maintenir une surveillance rapprochée dans la zone la plus proche de l’incendie
». Ils soulignent ainsi l’importance que d’autres travaux soient menés pour évaluer la dispersion environnementale des contaminants qui a eu lieu. De plus, conformément aux avis de l’Anses et de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) du 4 octobre, les échantillons prélevés devront être conservés afin que des substances additionnelles soient mesurées. Il conviendra, par ailleurs, pour assurer une surveillance renforcée au long terme et limiter le transfert des contaminants dans la chaîne alimentaire, de réaliser une détection précoce des contaminations des sols de pâtures, des aliments locaux et des eaux d’abreuvement. «
L’élimination du lait qui a fait l’objet de mesures de restriction devra se faire en respectant les dispositions de gestion en vigueur
4
», précise aussi le rapport d’expertise. Enfin, comme l’a rappelé le ministère, en attendant les prochaines conclusions de l’Anses pour les autres productions (œufs, miel, poissons et végétaux), «
les mesures de restriction sont maintenues afin de garantir la protection du consommateur
».
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1 Voir l’article publié sur Lepointveterinaire.fr : bit.ly/31jTZSn.
4 Règlement (CE) n° 1069/2009 et ses textes d’application.
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