La consommation de viande ne diminue pas en France - La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019

ALIMENTATION

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Une étude de FranceAgriMer dévoilée au Sommet de l’élevage montre que, si les modes de consommation évoluent, la quantité de viande mangée par les Français a tendance à être stable.

Les mouvements végétariens et végans, régulièrement sous les feux des projecteurs, ont tendance à nous faire croire que la viande est de plus en plus boudée par les consommateurs en Europe. Cependant, une étude de FranceAgriMer1 portant sur la consommation de produits carnés et sur les nouvelles tendances alimentaires (végétarisme, véganisme et flexitarisme) en France et dans l’Union européenne, dévoilée au Sommet de l’élevage, à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), le 2 octobre, apporte des nuances.

Une consommation stabilisée

Ainsi, d’après les données collectées par l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer2, alors que la consommation globale de viande bovine, ovine, porcine et de volaille (calculée d’après le bilan de la consommation indigène brute) tendait à s’éroder en France et en Europe depuis une décennie, elle s’est plutôt stabilisée ces dernières années. De même, bien que des disparités s’observent entre pays et que la structure de consommation a évolué au sein des différentes viandes, ce mouvement se confirme par habitant et par an.

Des habitudes de consommation différents

C’est pourquoi, pour mieux comprendre cette tendance, FranceAgriMer a fait appel à une enquête sur un panel de consommateurs (Kantar Worldpanel). Les statistiques obtenues ont tout d’abord révélé que la consommation en dehors du foyer se développe grâce à une adaptation des professionnels à la demande. De plus, il semblerait que le consommateur privilégie de plus en plus les produits élaborés au détriment des produits bruts, ce qui témoigne de nouvelles manières de cuisiner et de consommer. Enfin, les viandes de porc et de volaille tendent à se substituer à la viande rouge. Toutefois, comme l’indique le rapport de FranceAgriMer, ces résultats doivent encore être confirmés par de nouvelles études en cours.

De nouvelles modes alimentaires qui restent à la marge

Par ailleurs, l’urbanisation de la société, les préoccupations de santé et les controverses autour de l’élevage conduisent actuellement un certain nombre de consommateurs à revendiquer un végétarisme. Or, en réalité les chiffres obtenus par FranceAgriMer, en partenariat avec l’Observatoire Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) des habitudes alimentaires3, montrent que, même si faute d’enquêtes d’ampleur systématisées la progression du phénomène reste difficilement mesurable de manière précise et comparable dans le temps et entre les pays, ce mode de consommation est encore marginal. Ainsi, à peine 6 % des sondés interrogés dans quatre pays européens (France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni) se déclarent végétariens, végétaliens ou végans. Il s’agit d’ailleurs principalement de jeunes femmes (moins de 35 ans) vivant en ville et diplômées. En ce qui concerne le flexitarisme, qui répond à des logiques légèrement différentes et qui s’inscrit dans la tendance à « consommer moins mais mieux », il semble plus répandu. En effet, entre 20 et 25 % des populations des quatre pays étudiés ont adopté ce mode de consommation en limitant leur consommation de viande selon les données collectées.

Des données à compléter

Pour répondre à ces évolutions sociétales, de nouvelles stratégies ont été présentées à l’occasion de cette conférence et FranceAgriMer a annoncé poursuivre ses analyses sur le sujet du végétarisme avec la mise en place prochaine d’une enquête d’ampleur destinée à « poser les bases d’un suivi précis et systématisé du végétarisme et du flexitarisme dans la population française ».

1 bit.ly/2OfNqgN,

bit.ly/2oAiHAS.

2 Eurostat, Service de la statistique et de la prospective, douane.

3 Panorama en Europe du cabinet Credoc.